La face cachée de Greenpeace – Infiltration au sein de l’Internationale écologiste
Il est indéniable que les relations entre les armées françaises avec la question du nucléaire et l’organisation internationale Greenpeace n’ont jamais été bonnes et ont souvent tourné à l’affrontement. L’affaire, en 1985, du Rainbow Warrior a permis à Greenpeace de se faire passer aux yeux de l’opinion internationale pour la « colombe » protectrice de l’environnement et de la paix, « victime » de l’arrogance et de la brutalité françaises. Avec la reprise des essais français en 1995, bis repetita…
L’auteur de ce pamphlet raconte dix mois de militantisme après s’être infiltré comme bénévole, d’abord au sein de Greenpeace France, puis au siège de Greenpeace international à Amsterdam. Les méthodes employées par ce journaliste, non conformes à la déontologie de la profession, peuvent choquer, tandis que la description des soirées et des flirts avec les militantes peut énerver le lecteur, au même titre que le style plus proche de la collection « SAS » que d’un document argumenté et destiné à informer objectivement. En outre, les révélations ou exclusivités restent minces et sans preuves réelles. À dire vrai, l’intérêt de cet ouvrage réside d’une part dans la description du fonctionnement interne de l’organisation, d’autre part dans les questions — malheureusement sans réponses — que pose l’auteur sur Greenpeace.
Cette multinationale, reprise en main récemment par un manageur allemand, semble agir plus en fonction de ses intérêts immédiats que pour la défense urbi et orbi de l’environnement. Ainsi les actions contre la pollution dans des pays aussi pollués que la Chine, la Russie ou l’Inde ne sont pas une priorité. Les dépotoirs nucléaires de l’ex-URSS, dont les dangers potentiels sont énormes et connus, ne constituent pas les cibles des commandos de Greenpeace tandis que la France et son nucléaire sont une proie facile, où les risques restent limités — au pire, une garde à vue —, et médiatiquement porteuse…
On peut être dès lors étonné de l’intérêt de Greenpeace France focalisé principalement sur le nucléaire civil et militaire. Les formes classiques de pollution — nitrates dans les rivières, asphyxie des villes, décharges sauvages… — ne font pas l’objet des actions spectaculaires des commandos de l’organisation. Par contre, la Hague avec la Cogema et l’île Longue avec la Fost sont des sites où les démonstrations plus ou moins violentes se succèdent. Le nucléaire français est voué aux gémonies à la différence des autres puissances nucléaires curieusement à l’abri de ces manifestations.
Dès lors se fédèrent tous les groupuscules, pour les uns folkloriques, pour les autres, autonomistes — Basques, Bretons et Irlandais — aux actions des militants écologistes. La vocation initiale de défense de l’environnement semble bien secondaire et ne correspond pas aux publicités, sur papier glacé, de Greenpeace, censées apporter des ressources financières pour des programmes de protection de la nature. De plus, si les militants peuvent sembler sincères et désintéressés, les décisions pour la France sont d’abord prises à Amsterdam, au siège international, en fonction des besoins de l’organisation. Stratégie médiatique et démocratie interne ne font pas bon ménage. Notons ici l’importance et l’opacité du financement pour lequel les recettes provenant essentiellement des dons servent à financer principalement les salaires des permanents.
Si l’anecdote l’emporte malheureusement sur l’information, ce livre ouvre cependant une porte et appelle une enquête plus sérieuse. Greenpeace reste une organisation pour le moins sulfureuse, mais médiatiquement puissante, devant laquelle il ne faut pas avoir peur de communiquer et d’informer. Le « secret-défense » peut nous faire passer à tort pour des coupables aux yeux de l’opinion mondiale, facilement manipulable, nous déstabilisant inutilement au profit d’autres puissances, elles pour le moins peu respectueuses de l’environnement. ♦