La relation paradoxale qui s’est nouée sous l’administration Obama entre Moscou et Washington a permis un redémarrage bilatéral et connu des moments de coopération positive. Mais elle reste marquée par le dialogue critique de la guerre froide et se nourrit de la dissymétrie des puissances et des projets.
Russie, États-Unis : la tension perpétuelle
Russia, United States: Eternal Tension
The paradoxical relationship that has been built up under the Obama administration between Moscow and Washington has permitted a bilateral restart and has known moments of positive cooperation. But it remains marked by criticisms of a Cold War dialogue that thrives on their disproportional powers and intentions.
« USA-Russie : refroidissements, redémarrage… jusqu’à quand ? », s’interrogeait dans le titre d’un article publié au moment de la réélection de Barack Obama, un commentateur averti et informé de la politique extérieure russe (1). Après avoir connu une dégradation rapide dans les années Bush, les relations russo-américaines s’étaient lentement améliorées sous l’égide de Barack Obama, déterminé à « redémarrer » (reset) le partenariat avec la Russie, identifié comme nécessaire pour un certain nombre de dossiers de sécurité : Afghanistan, effort international contre la prolifération des armes de destruction massive, désarmement nucléaire, lutte contre le terrorisme international… Pour autant, les propos de l’ambassadeur américain en Russie, Michael McFaul, promettant en janvier dernier que le président réélu poursuivrait la politique de redémarrage, ont été accueillis par des officiels russes avec scepticisme, la relation entre les deux États se trouvant de nouveau dans une phase de tension depuis plusieurs mois (2).
Plus de vingt ans après la chute du Mur, a-t-on suffisamment de recul pour saisir les raisons qui font que les responsables russes et américains ne parviennent pas à ancrer durablement leurs relations sur des bases positives et constructives ?
Nouveau cycle de tensions pour les débuts d’« Obama 2 »
À la fin du premier mandat de Barack Obama, la presse internationale évoque volontiers l’échec du « reset » engagé en 2009 par le 44e président américain et l’état déplorable dans lequel se trouvent les rapports russo-américains. Cette perspective ne manque pas de points d’appui. En octobre 2012, les États-Unis se sont retirés du groupe de travail sur la société civile relevant de la commission présidentielle bilatérale établie aux débuts du reset. La Russie a répondu au Magnitski Act, qui prévoit des sanctions contre des Russes accusés de violations des droits de l’homme, par une loi mettant fin à l’adoption d’enfants russes par des familles américaines. Avant de quitter le Département d’État, Hillary Clinton a dénoncé les initiatives russes visant à renforcer les processus d’intégration au sein de l’espace postsoviétique, estimant nécessaire de les ralentir, voire de les empêcher. Sur le plan international et stratégique, les divergences sur la Syrie et sur la défense antimissile perdurent. Concernant ce dernier dossier, la Russie a menacé de déployer des missiles dans l’enclave de Kaliningrad, qui jouxte des pays de l’Alliance atlantique, ou de se retirer du traité de désarmement nucléaire New Start signé en avril 2010, un des symboles du reset, si ses préoccupations sur le sujet n’étaient suffisamment prises en compte.
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