L’opposition des deux Républiques du Yémen, celle du Nord orientée vers son puissant voisin de Riyad, celle du Sud vers Moscou et Pékin, soutenant le Front de libération d’Oman et la guérilla au Dhofar, est longtemps restée une affaire marginale. Mais la situation dans cette partie de la péninsule arabe est en voie de rapide déstabilisation. L’Iran et les États arabes producteurs de pétrole sont peu soucieux de voir s’installer la subversion à leurs portes et l’Union Soviétique, dans la perspective d’une réouverture prochaine du Canal, a plus que jamais intérêt à s’assurer d’une position stratégique au débouché de la mer Rouge vers l’océan Indien. L’auteur est un diplomate européen observant les problèmes de cette région.
Les deux Républiques du Yémen
Seul État arabe à se réclamer officiellement du marxisme-léninisme et, de ce fait, à n’entretenir guère de relations qu’avec les pays de l’Est, le Yémen du Sud — République Démocratique et Populaire du Yémen — se considère comme l’aile marchante de la « nouvelle gauche ». Cette orientation lui confère une place à part au sein du monde arabe.
Le régime actuel est né de luttes armées que les nationalistes menèrent pour l’indépendance au cours des années qui ont précédé le départ des Britanniques.
Deux factions rivales se disputaient alors la conduite de la guerre de libération : d’un côté le F.L.O.S.Y. (Front de Libération du Sud-Yémen), influent à Aden et composé d’éléments pro-nassériens, et de l’autre le F.L.N. (Front de Libération Nationale), bien implanté dans les campagnes et constitué de militants de tendance marxiste. À la veille de l’indépendance, le F.L.N. devait l’emporter grâce en partie à l’appui calculé des Anglais qui craignaient de voir se créer dans la région un État pro-nassérien si le F.L.O.S.Y. prenait le pouvoir.
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