Avec cette analyse lucide et sans concessions, on explore les racines de la militarisation latente des rapports qu'entretient la France avec l'Afrique par-delà les différentes législatures qui s'y engagent. L’exemple ivoirien montre les aléas d'une action militaire qui suit les fluctuations d'une approche politique. Partant de ces réalités, l'auteur suggère de changer le point d'équilibre de la posture africaine de la France.
Le retour du « gendarme de l'Afrique » ? Politique du « yo-yo » en Côte d'Ivoire
Return of the “African Gendarmerie”? “Yo-yo” Politics in the Ivory Coast
With this analysis, clear and without concessions, the roots of the latent militarization of the relationship that France has maintained with Africa across different legislatures that it has engaged with are explored. The Ivorian example shows the hazards of military action following fluctuations in the political approach. Starting with these realities, the author suggests changing the balancing point in the African stance towards France.
En 2010, lors du Sommet France-Afrique de Nice, le président Sarkozy assurait qu’il n’y aurait plus d’intervention militaire française en Afrique. Quelques mois plus tard, pourtant, violemment critiqué pour les relations ambiguës de ses ministres avec les régimes tunisien et égyptien, il s’engageait dans deux nouvelles guerres en Libye et en Côte d’Ivoire. En janvier 2013, son successeur, le président François Hollande qui avait clairement dénoncé cet interventionnisme brouillon durant la campagne électorale, envoyait l’armée française combattre les mouvements djihadistes du Nord Mali et réussissait, contre toute attente, à réduire rapidement leur influence tout en pesant pour la tenue d’une élection présidentielle en faveur de la reconstruction politique du pays.
Comment analyser ces mouvements contradictoires de la politique d’intervention française en Afrique ? Les bombardements français effectués sur la 32e brigade de Kadhafi à Benghazi et sur la résidence de Laurent Gbagbo à Abidjan, puis l’opération Serval au Mali, sont-ils le signe d’un retour de la France à son vieux rôle postcolonial de « gendarme de l’Afrique » ? L’indice d’une nouvelle doctrine d’ingérence en faveur de la démocratie et du « Regime change » ? Ou bien l’expression d’une politique incohérente et fluctuante, un brin « schizophrénique », qui se définit au coup par coup sans ligne claire ni véritable stratégie ? En se focalisant sur la relation entre Paris et Abidjan, la réflexion qui suit suggère que l’engagement politico-militaire de la France sur le terrain ivoirien s’est apparenté à une politique du « yo-yo » et du « coup de menton », inefficace et périlleuse, bien que victorieuse à la fin.
Une politique fluctuante et ambiguë
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