Malgré les imperfections de son organisation et la disponibilité inégale de ses moyens, la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) a déployé des forces qui auront joué un rôle important dans le succès tactique de l'opération Serval. Il reste à combler les lacunes observées, à adapter les concepts et à renforcer la réactivité du dispositif collectif de renforcement des capacités militaires africaines
Saluons l'intervention militaire de la Cédéao au Mali
Saluting the Military Intervention of the ECOWAS in Mali
Despite the imperfections of their organization and the unequal distributions of their means, the ECOWAS (Economic Community of West African States) deployed forces which played an important role in the tactical success of Operation Serval. However, it remains a necessity to remedy shortfalls, adapt concepts, and strengthen the responsiveness of the collective device in order to enhance Africa's military capacity.
En dépit de sévères critiques initiales, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) peut aujourd’hui légitimement avancer que deux des objectifs qu’elle s’était fixés – restauration de l’intégrité territoriale du Mali et tenue d’élections inclusives – sont atteints. Ses détracteurs ne manqueront pas de rétorquer que sans l’impulsion de la France, rien n’aurait été possible. Mais, sans exagérer la part que la Cédéao a effectivement jouée dans la résolution de la crise, il est vraisemblable que sans la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma), à l’origine de laquelle elle se trouve, nous n’en serions aujourd’hui pas là.
Résultats
En dépit de la faiblesse de ses moyens, illustrée par l’addition des budgets de défense des quinze pays qui la composent (de l’ordre de 3,5 milliards d’euros, soit la moitié du budget de la défense néerlandais), la Cédéao a fait montre d’une résolution qui a surpris nombre d’observateurs. En accélérant la mise en place d’un élément d’intervention d’urgence au Mali en janvier 2013, elle a permis de faire face à l’offensive djihadiste et d’accompagner l’intervention française. Puissamment renforcé par le contingent tchadien, ce premier échelon, bâti essentiellement autour de bataillons togolais, nigériens et burkinabés s’est déployé en quelques semaines de façon quasi autonome au prix de véritables exploits logistiques. Les épopées routières de certains contingents à cette occasion restent à écrire. Rapidement rejoints par leurs frères d’armes sénégalais, guinéens et béninois, ces contingents ont assuré la relève des unités Serval déployées sur la boucle du Niger, leur permettant ainsi d’imposer un rythme d’opérations élevé à l’adversaire et de lui causer des pertes majeures. Les journaux à sensation annonçaient alors les inévitables exactions à l’encontre des populations du Nord-Mali par des troupes africaines éthiquement douteuses, mal adaptées à l’environnement désertique et à la formation insuffisante. Aujourd’hui, les mêmes journaux ne peuvent que constater que l’ensemble des contingents de la Cédéao a fait face à l’imbroglio sécuritaire malien avec professionnalisme et de belle manière.
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