Après avoir noté combien l'action militaire française en Afrique s'inscrivait dans un champ historique dense, après avoir distingué les trois récentes interventions, l'auteur analyse les limites actuelles des mécanismes africains de paix et de sécurité et émet des recommandations pour les renforcer, en priorité au plan sous-régional.
Interventions militaires françaises et dynamiques africaines de paix et de sécurité
French Military Interventions and African Peace and Security Dynamics
After noting how the French military action in Africa inscribed itself in a dense historic field, and after distinguishing the three recent interventions, the author analyses the limits of the current African peace and security mechanisms and produces recommendations for reinforcing them, with priority given to the sub-regions.
Les interventions militaires françaises en Afrique s’inscrivent dans une perspective qui s’apprécie d’un double point de vue, l’enracinement dans une historicité commune (1), et la nécessité résultant d’un environnement local produisant ces interventions.
En situant la particularité des toutes dernières, suscitées par les résolutions 1973, 1975 et 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies (relativement aux crises politiques et conflits armés en Côte d’Ivoire, en Libye et au Mali) (2), on ne peut manquer de poser le problème de la présence et du rôle de la France dans la scène politique africaine d’une part, et de s’interroger sur les responsabilités et perspectives des pays africains dans la définition d’un agenda de paix probable et durable en Afrique, d’autre part. Car c’est bien de toute l’histoire de la France et de l’Afrique dont il s’agit ici (3).
La récurrence de ces interventions militaires, mettant en première ligne les forces armées françaises dans des champs d’engagement en Afrique, structure donc cette réflexion sur les plans politique, diplomatique, militaire et géostratégique. Elle présuppose une carence et une incapacité avérées des États ou groupements d’États en Afrique, à faire face à leur responsabilité première pour la paix et la sécurité. Cette préoccupation est très actuelle en cette période de célébrations des cinquantenaires des indépendances et de l’avènement de l’OUA/UA (4). Au-delà de ce constat initial, il faut explorer les perspectives et projections africaines du moment pour la paix et la sécurité. De manière plus précise, il va s’agir de situer et d’évaluer les activités des institutions en charge, et d’abord celles directement liées aux cas évoqués ici, la Cédéao et l’Union africaine.
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