Alors que la question syrienne pourrait rebattre les cartes stratégiques dans une région pivot et tampon entre Europe et Asie, l'auteur fait un inventaire soigné des relations qu'entretient la Turquie avec un environnement géopolitique qui porte la marque de l'espace ottoman et conserve les traces de la guerre froide.
La Turquie : rapprochements, mutations, équilibres géopolitiques
Turkey: Rapprochements, Mutations, Geopolitical Balance
While the Syrian question could reconstruct the strategic maps in a pivotal and buffer region between Europe and Asia, the author makes a careful inventory of Turkey's relations in a geopolitical environment that bears the mark of Ottoman space and guards traces of the Cold War.
L’appartenance de la Turquie à l’Alliance atlantique et le maintien de relations stratégiques privilégiées avec les États-Unis ne suffisent pas à assurer la protection des intérêts turcs, d’autant plus que le partenariat somme toute difficile d’Ankara avec Athènes au sein de l’Otan suscite la mise en œuvre d’alliances régionales rivales. De plus, l’ancrage de la Turquie à l’Occident – adhésion à l’Alliance atlantique en 1952, volonté d’intégrer l’Union européenne – a été modéré, entre 1996 et 2010 par sa coopération avec Israël, dont le volet stratégique a permis d’entériner l’union des deux principales puissances militaires du Proche-Orient. La diversification des partenariats turcs dans son environnement proche s’inscrit dans le cadre d’une stratégie régionale équilibrée face à la suprématie américano-otanienne en matière de défense et conforte de surcroît l’objectif de la Turquie d’assurer la protection d’intérêts sécuritaires et économiques qui lui sont propres.
Aujourd’hui, le gouvernement turc tente de maintenir et de développer des liens avec des États issus d’entités régionales et géopolitiques distinctes : les Balkans, jadis territoires de l’Empire ottoman, qui désormais abritent des minorités d’origine turque ; le Moyen-Orient, sous domination ottomane jusqu’à l’achèvement de la Première Guerre mondiale, avec lequel les affinités géopolitiques et religieuses restent nombreuses, mais les relations sont complexes du fait d’intérêts opposés et d’une histoire singulière ; l’Asie centrale, qui constitue l’une des principales zones géostratégiques et géoéconomiques actuelles du monde, dont cinq républiques issues de la chute de l’URSS partagent une base linguistique commune avec le peuple turc.
L’échiquier géopolitique centre-asiatique
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