Un des enjeux majeurs des conflits devient la construction dynamique d’un récit convaincant, légitimant les actions militaires et qualifiant les succès tactiques. L’incertitude qui accompagne désormais les opérations fait que le flou de la victoire répond au brouillard des combats et que la bataille est aussi celle des perceptions. Analyse à partir des combats du Sud Liban en 2006.
Le flou de la victoire au service du Hezbollah en 2006
The haze of victory in the service of the Hezbollah in 2006
One of the major issues of conflict becomes the dynamic construction of a convincing narrative, legitimizing military action, and considering/qualifying the tactical successes. The uncertainty that henceforth accompanies operations makes the blur/haze of victory match/meet the fog of combat, and the battle with perceptions. Analysis from the fighting in southern Lebanon in 2006.
“Hizballah knows they’re not going to win the war on the battlefield, so they’re not taking on Israel’s military might on the ground. They’re taking the Israelis on psychologically”. Timur Goksel, « Senior advisor » de la Finul, 1993 (1).
Durant l’été 2006, trente-trois jours de combats opposèrent le Hezbollah libanais à l’armée israélienne. Le conflit se déclencha après l’enlèvement de deux soldats israéliens par « le Parti de Dieu » alors qu’Israël intervenait déjà dans la bande de Gaza. Après avoir détruit les roquettes à longue distance de la branche armée du mouvement, Al-Muqawama al-Islamiyya (la Résistance islamique au Liban) et les infrastructures civiles du Parti de Dieu, le gouvernement d’Ehud Olmert lança une intervention terrestre. Il accentua les frappes sur les infrastructures du pays sans pour autant parvenir à faire cesser les tirs de roquette à courte portée, jusqu’au cessez-le-feu du 14 août.
Deux paradoxes amènent à défendre l’idée que la victoire tactique et militaire est devenue un paramètre restreint de la victoire stratégique. Comment expliquer que cette guerre ait été considérée comme une « victoire » du Hezbollah alors qu’objectivement peu de faits vont dans ce sens ? Si on s’accorde pour reconnaître l’échec de l’armée israélienne vis-à-vis des objectifs qu’elle s’était fixés, à savoir retourner la population libanaise contre le Hezbollah, pourquoi n’a-t-elle pu y parvenir ?
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