Partager le renseignement militaire entre Européens, c’est une nécessité avérée mais aussi un casse-tête politique et technique. Mieux que d’autres, la France peut y contribuer, comme l’auteur l’expose, en faisant le tour de cette question sensible.
Le renseignement d’intérêt militaire : indépendance nationale et perspectives européennes
Military interest inquiry: national independence and European perspectives
Sharing military intelligence among Europeans is a proven/pre-determined necessity, but it is also a political and technical puzzle. In a way that is better than others, the author argues that France can help get around this sensitive issue.
Le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié le 29 avril 2013 réaffirme l’importance stratégique de la fonction connaissance-anticipation pour la souveraineté nationale, en même temps qu’il insiste à nouveau sur l’engagement de la France dans l’Union européenne et dans sa politique de défense. Pourtant, l’annonce officielle de l’achat de deux drones américains de type Reaper MQ-9, le 17 mai 2013, révèle la difficulté de la France et de ses partenaires européens à répondre au besoin en matière de drones MALE (Moyenne altitude longue endurance), un vecteur pourtant indispensable à l’acquisition du renseignement.
Ces deux faits d’actualité montrent combien il est difficile de trouver l’équilibre entre la préservation de capacités autonomes crédibles en matière de renseignement pour appuyer la souveraineté de l’État et la nécessité de partager une partie de ces capacités nationales avec des partenaires européens pour renforcer la cohérence de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) et assurer l’influence des positions françaises au niveau européen.
L’objectif de la réflexion qui suit est de montrer en quoi la problématique du renseignement d’intérêt militaire, traditionnellement tourné vers une culture du secret, montre qu’un « besoin de partager » s’ajoute désormais au « besoin de savoir ». Sans préjuger de l’attitude de chacun à l’égard de l’entreprise européenne, il s’agit d’évaluer dans quelle mesure il existe ou non un intérêt pour le renseignement d’intérêt militaire français à s’ouvrir davantage à la coopération européenne et de déterminer quelle peut être la nature du renseignement partagé. On réaffirmera d’abord le caractère régalien du renseignement et on montrera son importance pour l’indépendance nationale. On s’intéressera ensuite à l’enjeu du développement des structures européennes de renseignement, tant pour la France que pour les autres États-membres. Enfin, on examinera les limites de l’exercice et on s’interrogera sur les voies possibles de développement.
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