Les statistiques révèlent que 60 % des opérations militaires de l’ONU se sont déroulées ces dernières années dans la Francosphère. Fort de cette réalité, l’auteur propose de consolider la Francophonie en développant sa dimension militaire et en la dotant de projets forts, comme une brigade francophone multinationale, et en réinvestissant linguistiquement la défense européenne.
Une défense de la francophonie pour la défense de la France
A defense of “francophonie” in defense of France
Statistics reveal that sixty of the UN military operations have taken place in recent years within the Francosphere. Armed with this reality, the author proposes to consolidate the Francophonie by developing its military dimension and providing strong projects, such as a francophone multinational brigade and reinvesting linguistically in European defense.
Face à l’incapacité manifeste des Européens de créer une synergie en matière de défense, il semble désormais opportun de repenser les futures orientations stratégiques de la coopération militaire de la France *. Les opérations menées au Mali ont montré que si elle a encore d’importantes capacités techniques et opérationnelles de déploiement, elle n’en a plus forcément tous les moyens. De ce fait, chercher à s’extraire des structures européennes ou atlantistes de défense pour faire cavalier seul est un pari improbable. Néanmoins, une solution alternative commence à prendre corps qui permettrait de renforcer la position de la France aussi bien en Europe que dans le monde : c’est la francophonie de défense.
Une francophonie de défense
Le concept de la francophonie est relativement ancien puisqu’il remonte à la fin du XIXe siècle. Mais ce n’est que le 20 mars 1970 qu’apparaît une organisation structurée rassemblant les pays francophones. Longtemps négligée par la France, elle connaît un nouvel élan dans l’Hexagone, tant d’un point de vue politique (ministère de la Francophonie) que culturel et sportif (Jeux de la francophonie à Nice en septembre 2013). Trop souvent considérée comme une entité sans identité juridique dont les contours imprécis se cantonnent à marquer les limites mouvantes du rayonnement de la langue française, elle est avant tout un immense espace de coopération privilégiée entre des pays ayant le français en partage.
De plus, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont les frontières dépassent largement celles de la langue française, agit en tant qu’acteur institutionnel d’un ensemble de nations ayant théoriquement fait leurs les idéaux véhiculés par la langue française. Ainsi, la francophonie évolue-t-elle sur plusieurs plans distincts, ce qui peut alimenter la confusion du public vis-à-vis de cet ensemble disparate. Aujourd’hui il existe une francophonie des cultures et des peuples, point de départ possible d’une construction d’un ensemble économique, politique et stratégique plus cohérent. La France se doit d’en être un acteur essentiel et d’assumer son statut de meneur, si elle veut bénéficier du potentiel du monde francophone et contribuer à son développement. Malheureusement, ce potentiel est entravé par les turbulences politiques qui balaient de nombreux États de la francophonie.
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