Avec ce plaidoyer pour une approche décomplexée des questions de sécurité africaine, combinant le soutien militaire à la paix et à la sécurité, et la promotion d’un climat propice aux intérêts économiques, l’auteur met en perspective l’opération Sangaris en République Centrafricaine (RCA).
Forces françaises en Centrafrique : défendre la paix et les intérêts économiques
French forces in Central Africa: defending peace and economic interests
With this plea for an uninhibited approach to the issues of African security, combining military support for peace and security and the promotion of a climate conducive to economic interests, the author puts into perspective Operation: Sangaris in the Central African Republic.
Après la Libye en 2011, le Mali en 2012, les armées françaises s’engagent en République centrafricaine en décembre 2013 *. Rarement la France a mené des opérations militaires aussi rapprochées. L’opération militaire Sangaris en Centrafrique est lancée après la résolution numéro 2 127 du Conseil de sécurité donnant mandat aux troupes françaises, en soutien aux troupes africaines, de restaurer la sécurité dans ce pays d’Afrique centrale. L’intervention comporte un double objectif, humanitaire et militaire : éviter l’implosion du pays en permettant le retour des civils déplacés, rétablir la sécurité et soutenir le déploiement de la force sous-régionale africaine, la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca).
Pourquoi la France intervient-elle en République centrafricaine alors que ce pays présente un « intérêt économique limité », selon les mots mêmes du ministre de la Défense ? Seulement 600 expatriés (dont bien des binationaux) sont installés sur place. Le volume des échanges économiques entre la France et la RCA reste faible. La République centrafricaine n’est donc pas un partenaire majeur pour la France. Cependant, au-delà des intérêts moraux de la France liés au devoir d’éviter un génocide dans le pays, l’évocation des enjeux géopolitiques associés à ses intérêts économiques est essentielle pour comprendre l’intervention militaire française. Si elle a pour but affiché de restaurer la paix et la sécurité dans ce pays en conflit, elle permet également de défendre les intérêts économiques globaux de la France en Afrique centrale.
Passer de l’intervention militaire à la protection des civils sous mandat onusien
En République centrafricaine, la France n’est pas en terre inconnue. L’opération Barracuda des armées françaises est déclenchée en 1979 pour évincer du pouvoir l’excentrique président Jean Bedel Bokassa, autoproclamé empereur. En 1996 et 1998, ce sont les opérations Almandin 1, 2 et 3 qui ont lieu. Elles visent le rétablissement de la souveraineté centrafricaine suite à des mutineries successives dans les forces armées nationales. En 2003, l’accord passé entre le président centrafricain, François Bozizé (voir encadré), et le président français, Jacques Chirac, installe l’opération Boali à Bangui. Elle permet d’entraîner et d’équiper les forces armées centrafricaines, et de soutenir le déploiement de la Force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac). Fin 2013 enfin, la France lance l’opération Sangaris dont l’objectif est de sécuriser Bangui.
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