Au lendemain du nouvel accord de dégagement conclu le 4 septembre à Genève, l'auteur analyse les réactions provoquées dans le reste du monde arabe par la signature égyptienne, s'interroge sur les chances d'un accord similaire portant sur le Golan et souligne la montée de l'influence américaine et la discrétion sinon même l'effacement de l'Union soviétique au Moyen-Orient.
À petits pas vers la paix au Proche-Orient ?
L’accord de dégagement égypto-israélien du 18 janvier 1974 inaugurait une phase nouvelle dans le règlement du conflit de Palestine. L’accord derechef conclu le 4 septembre dernier entre les deux mêmes États manifeste-t-il l’heureux développement de cette période diplomatique, en prouvant sa fécondité ? Ou bien marque-t-il les limites d’une procédure dont les succès, de plus en plus localisés, conduiraient à une impasse plutôt qu’ils n’ouvriraient la voie vers une solution pacifique d’ensemble ?
Les appréciations diverses, voire divergentes, émises un peu partout et en particulier dans le monde arabe au sujet de l’accord du 4 septembre, inciteraient en effet à poser le problème dans des termes très tranchés. Cependant, un examen plus attentif de la conjoncture amènerait peut-être à des appréciations plus nuancées.
Une première remarque ne serait sans doute pas inutile : pour apprécier l’accueil fait au texte du 4 septembre 1975, il sera bon d’évoquer l’atmosphère dans laquelle fut reçu le texte du 18 janvier 1974. L’adresse avec laquelle la négociation fut alors extraite, par M. Henry Kissinger, de la Conférence de Genève d’emblée empêtrée, et la vertigineuse rapidité avec laquelle le Secrétaire d’État la conduisit, enchantèrent beaucoup plus les observateurs occidentaux que les politiques du reste du monde arabe ; le gouvernement syrien, en particulier, fut des plus réservés. Fin janvier 1974, d’aucuns pouvaient douter que l’accord fût appelé à une exécution rapide et complète, et plus encore qu’il dût « faire boule de neige » et entraîner ailleurs des arrangements similaires, en ouvrant la perspective d’un cheminement vers un règlement général. Ce n’est que plus tard que l’on put porter au crédit de cet acte diplomatique ces heureuses conséquences. Le document du 4 septembre, dont certaines dispositions nécessitent d’ailleurs un aval du Congrès américain, aura besoin d’un délai plus long encore pour trouver sa véritable assiette et pouvoir être sereinement apprécié.
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