Pont libre
Dans ce livre, l’auteur, ancien de l’aéronavale, retrace l’histoire des huit porte-avions français, du Béarn, le pionnier, au Charles-de-Gaulle, le futur bâtiment majeur de notre Marine. Dans cinq chapitres, nous voyons comment la composante aéronavale est devenue vitale pour la défense de nos intérêts dans le monde.
Avec beaucoup de nostalgie, Georges Croulebois évoque les débuts de l’aviation embarquée avec le Béarn admis au service actif en 1928. Quel dommage que celui-ci ait été mis à la ferraille au début des années 1960, alors qu’il aurait constitué un exceptionnel musée à flot. Cependant, c’est la Seconde Guerre mondiale qui voit le porte-avions donner toute sa mesure, que ce soit dans les batailles du Pacifique ou dans les escortes des convois dans l’Atlantique Nord. Anglais et Américains construisent à la chaîne des dizaines de porte-avions et des milliers d’avions. C’est donc tout normalement avec les surplus de ce conflit que la marine française va constituer les groupes aéronavals destinés à se battre en Indochine. Dixmude, Arromanches, La Fayette et Bois-Belleau, ces porte-avions vont inlassablement transporter avions et hommes entre la métropole et les zones de combat. De leurs ponts décollent les Grumman F6F Hellcat et les Curtiss SB2C Helldiver qui apportent un appui précieux aux troupes à terre ; mais ces bâtiments ne peuvent être déterminants dans la bataille.
C’est l’Arromanches qui permet à l’aéronavale de progresser avec l’utilisation de nouveautés techniques comme la piste oblique, les avions à réaction ou encore l’hélicoptère. À Suez en 1956, il contribuait à la prise éclair du Canal. Ce vaillant serviteur, désarmé en 1974, a ouvert la voie aux deux porte-avions que nous possédons aujourd’hui. Le Clemenceau et le Foch, depuis trente ans, n’ont cessé d’accumuler milles marins, catapultages et missions opérationnelles, permettant au pouvoir politique de montrer sa détermination. L’indépendance de Djibouti, la guerre civile au Liban, les menaces sur la navigation durant la guerre Iran-Irak, le conflit du Golfe ou aujourd’hui le conflit en ex-Yougoslavie, ont vu l’usage intensif du groupe aéronaval. Base aérienne flottante faisant peser une menace réelle et puissante sur les belligérants, le porte-avions est devenu un moyen indispensable dans la gestion des crises.
Le dernier chapitre du livre porte sur l’avenir : le Porte-avions nucléaire (PAN). Le Charles-de-Gaulle, dont la mise à flot définitive a lieu cette année et l’admission au service actif à la fin du siècle, sera le bâtiment de combat le plus puissant et le plus complexe jamais construit par nos arsenaux. Avec sa propulsion nucléaire, ses Rafale Marine et ses avions de guet embarqués Grumman E-2 Hawkeye, le PAN apportera une nouvelle dimension à notre marine. Toutefois, il est nécessaire de construire un second exemplaire destiné à remplacer le Foch.
Cet ouvrage passionnant montre que la Marine française a su développer une aviation embarquée dont la valeur est unanimement reconnue et qui prendra une importance accrue dans le règlement des crises avec l’entrée en service du porte-avions nucléaire. ♦