De Sarajevo à Sarajevo, l’échec yougoslave
Joseph Krulic, Stevan K. Pavlowitch, Natacha Rajakovic et Jacques Rupnik, quatre auteurs du cru brossent le sombre tableau de la fin de la Yougoslavie, en un petit livre fort utile. « Ni civile, ni yougoslave », selon Jacques Rupnik, la guerre serait celle des « nations » que Tito avait réussi à faire cohabiter. De cette cohabitation forcée, les Serbes de Milosevic, aujourd’hui, se vengent.
Si les auteurs sont peu diserts sur les musulmans, ils soulignent fort pertinemment le clivage entre le Nord-Ouest, qui fut austro-hongrois, et le Sud-Est, soumis au pouvoir ottoman. L’avenir n’est pas rose, l’explosion est encore incomplète : au sud-est précisément, dans le Sanjak, le Kosovo et la Macédoine, un autre orage menace, sur lequel veillent quatre chiens de faïence, albanais, bulgare, grec et turc.
La cruauté initiale du rassembleur Tito n’est rappelée que discrètement ; mais Natacha Rajakovic relève la nullité de ses dispositions testamentaires : après moi le déluge ! La courageuse et intelligente tentative du gouvernement fédéral de M. Markovic, de 1989 à 1991, fera dire aux optimistes que le déluge eût pu être évité et que le pire n’est pas encore tout à fait assuré. ♦