Capitaine Jean Bulle
Voici la réédition d’un livre paru il y a plus de vingt ans et couronné alors de quatre prix. C’est une heureuse idée, tant sont exemplaires la vie et la mort du capitaine Jean Bulle. Sorti de Saint-Cyr en 1936, ce héros de la Savoie est célébré à deux titres : le combat de la Tête d’Enclave le 22 juin 1940, la résistance dans le secteur d’Albertville.
Le premier fait d’armes est sans doute sans égal. Curzio Malaparte a chanté le loyal affrontement des meilleures troupes alpines, françaises et italiennes, dans le Beaufortin, au cours duquel Jean Bulle, suspendu en rappel, fusil-mitrailleur à la hanche, au-dessus de 300 mètres de vide, arrête par son feu une colonne ennemie.
En août 1943, le capitaine prend le commandement, dans la Résistance, du secteur d’Albertville. Parcours atypique que celui de ce chef discret, tenace et pur, appliqué tant à préparer ses hommes pour le moment attendu de la Libération qu’à leur éviter les initiatives intempestives génératrices de pertes inutiles et de représailles cruelles. Mission difficile aussi, qui culmine dans le sacrifice personnel. Le 20 août, cinq jours après le débarquement de Provence, Jean Bulle entre dans Albertville pressé par les résistants, pour négocier la reddition de la garnison allemande. Il est froidement assassiné. Trois jours après sa mort, Albertville est libérée.
Cet ouvrage vient à son heure : il éclaire d’une lumière sereine le procès, sans cesse recommencé, de la Résistance française. ♦