Ardeur et réflexion – Cahiers d’un chef de section d’infanterie de Marine dans la division Leclerc
Jacques Salbaing a interrompu ses études d’ingénieur en 1942 pour rejoindre les Forces françaises libres (FFL) et la 2e Division blindée. Au sein de cette prestigieuse unité, il exerce le commandement d’une section du Régiment de marche du Tchad (RMT). L’auteur nous fait vivre au jour le jour son expérience pendant les dernières années qui ont précédé l’armistice. Le livre commence par la difficile période d’entraînement et de formation au Maroc, puis en Algérie. C’est ensuite l’attente en Angleterre avant le débarquement sur les côtes françaises à Utah Beach. L’extraordinaire parcours du jeune sous-lieutenant nous fait vivre les grandes péripéties de l’histoire de la 2e DB : la campagne de Normandie, la Libération de Paris, la bataille des Vosges, l’entrée dans Strasbourg, les combats en Alsace, puis en Allemagne jusqu’à Berchtesgaden.
Cet intéressant journal de marche va bien au-delà de la simple présentation de faits de guerre. L’auteur se place au niveau d’un chef de section animé par la volonté farouche de participer à la libération de son pays. Il donne ainsi une certaine dimension émotionnelle à ses passionnants récits qui font une place significative aux amitiés forgées pendant la guerre, aux peines suscitées par la disparition de camarades, à la mise en valeur des qualités morales et aux heures de gloire. Comme tous les gradés de son niveau, Jacques Salbaing a combattu dans l’ignorance des grands mouvements tactiques et des décisions majeures prises par les états-majors. Il se contentait d’obéir aux ordres reçus des chefs, en qui il avait une entière confiance. D’ailleurs, ce sincère patriote éprouve encore aujourd’hui un fort sentiment d’admiration pour les plus célèbres d’entre eux (Leclerc, Massu). L’acteur qu’il fut nous expose les événements à la manière d’un journaliste : la description des faits est précise et vivante, la clarté du style facilite la lecture de l’ouvrage, les observations sont percutantes et les commentaires font ressortir une très grande vivacité d’esprit. Certes, Jacques Salbaing a succombé au syndrome de l’ancien combattant ; toutefois, son recul sur l’événement lui permet d’appréhender avec une meilleure réflexion cette page importante de l’histoire de France. L’œuvre qu’il nous propose apporte un témoignage supplémentaire sur les moments cruciaux de la libération de notre pays. Comme le souligne le général Massu dans la préface, la valeur de ce document « rend sa diffusion éminemment souhaitable ». ♦