Atlas des diasporas
Diaspora, migrants, réfugiés, la multiplicité des termes démontre la complexité de ces phénomènes connexes. Diaspora – dispersion – ne souffre d’ambiguïté que lorsqu’on l’emploie à propos du peuple juif. Pour le reste, la ligne entre migration, minorité et diaspora, n’est pas claire. L’acuité de ces problèmes n’est pas à démontrer. C’est dire tout l’intérêt de ces deux ouvrages.
Pour Gérard Chaliand et Jean-Pierre Rageau, c’est la combinaison d’un ensemble de critères qui constitue la spécificité du fait diasporique : un désastre d’abord, souvent de nature politique, provoquant la dispersion collective d’un groupe religieux ou ethnique ; une mémoire collective qui transmet à la fois les faits historiques ayant provoqué la dispersion et, au sens large, un héritage culturel ; la volonté de durer aussi en tant que groupe minoritaire en transmettant cet héritage. C’est ici qu’intervient le facteur temps ; la situation du réfugié est par essence temporaire, mais on sait que le provisoire dure, alors que seul le temps décide si une minorité constitue ou non une diaspora. C’est ainsi que Gérard Chaliand et Jean-Pierre Rageau décrivent la genèse, la situation et la localisation des douze principales diasporas : juive, arménienne, tzigane, noire, chinoise, indienne, irlandaise, grecque, libanaise, palestinienne, vietnamienne et coréenne. On suit les flux de populations dans le temps à l’aide de schémas, de cartes et tableaux. On trouve aussi de nombreuses évaluations des populations concernées. Voilà une très utile anthologie de l’un des drames permanents de l’existence humaine, qui démontre combien l’assimilation de l’autre est difficile. ♦