La Scandinavie et l’Europe de 1945 à nos jours
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Scandinaves étaient dans l’ensemble hostiles à un « bloc occidental » ou même à une « Union de l’Europe occidentale » (UEO). Ils s’en remettaient au mythe de la sécurité collective ou exaltaient les possibilités de la collaboration nordique, manière de se référer à un long passé commun. Avec la guerre froide, cette unité de façade s’effrite. Le Danemark, la Norvège et l’Islande entraient dans la Communauté atlantique, mais la Suède et la Finlande, cette dernière plutôt contrainte, restaient fidèles à une politique de neutralité. En 1972, le Danemark rejoignit la Communauté économique européenne (CEE) alors qu’en Norvège, le peuple choisissait, à une faible majorité d’ailleurs, l’option contraire.
Jean-Pierre Mousson-Lestang, qui a été conseiller culturel à Stockholm, expose avec clarté et profondeur l’histoire de ces quarante-cinq années de rapports entre la Scandinavie et l’Europe. Les perspectives du grand marché de 1993 et l’effondrement du bloc soviétique en ont modifié bien des paramètres. Il a raison d’estimer que les Scandinaves sont des Européens. Il montre bien aussi combien l’unité de la Scandinavie demeure une chimère et que seule la voie d’un net rapprochement avec l’Europe des « Douze » est susceptible de donner à ces pays des objectifs clairs et un environnement stimulant. Mais si la mise en place de l’espace économique européen est désormais imminente, la question de leur adhésion à la Communauté reste largement ouverte. Le grand mérite de cette étude sérieuse est d’avoir jeté un regard neuf sur les dilemmes de cette troisième Europe qui doit désormais choisir sa véritable voie. ♦