Le bouclage
Vladimir Volkoff est de ces auteurs, rares aujourd’hui, qui recueillent la faveur de la critique et celle des militaires. Sa guerre d’Algérie lui a inspiré La leçon d’anatomie. Il s’est fait ensuite le veilleur vigilant des menaces qui nous guettent (Le retournement ; Le montage ; La désinformation, arme de guerre (1)). Avec Le bouclage, c’est à la plus récente qu’il s’attaque : la délinquance, symptôme évident de la crise de l’Occident.
Dans une Espagne non nommée, Julian Dandolo, prince Ossamundi, dilettante et grand séducteur, prend en charge l’Agglomération, ville livrée aux petits et grands truands et à quelques terroristes illuminés. Le nouvel administrateur s’accommoderait bien de cette chienlit s’il n’était lui-même, un beau soir, victime d’une méchante agression. Dès lors, il n’aura de cesse qu’il n’ait nettoyé sa ville, ce qui ne se peut qu’à l’insu du pouvoir central, pour lequel les droits de l’homme sont d’abord ceux des criminels. D’où l’opération Josaphat, montée dans le secret avec le concours efficace de la cousine Rosario, bonne sœur en rupture de couvent, de Paule Abad, informaticienne violée, quelques années plus tôt, par quatre loubards, de don Jésus, directeur de la police locale et champion de billard, d’Hortega, militaire de choc, et de Barualdo, colonel de gendarmerie. Bouclage, ratissage, vérifications, inculpations, tout sera mené à la façon d’une action militaire, en 24 heures et réussi avant que le gouvernement n’ait pu y mettre le nez.
Les personnages qu’on vient de nommer ne sont qu’un petit échantillon de la multitude pittoresque et souvent effrayante qui s’agite dans ce roman foisonnant. Nos camarades apprécieront quelques morceaux de bravoure : un éloge de la gendarmerie (p. 131), « Moi, je la fais, ma guerre. Tous les jours » ; une jolie profession de foi d’un flic ordinaire (p. 324), « Ce travail, qui est un sale travail, nous le faisons le moins mal que nous pouvons et nous n’avons d’excuses à présenter à personne » ; un hymne à la paix civile (p. 584) ; une illustration, fort bien venue en ces temps de guerre du Golfe, du devoir des puissants (p. 279), « Le plus fort n’a pas le droit de laisser le moins fort opprimer le faible ».
Ce livre n’est peut-être pas le meilleur de l’auteur. Mais il fallait bien, nos banlieues et nos villes étant ce qu’elles sont, qu’il soit écrit. Merci, Monsieur Volkoff ! ♦
(1) Tous ces ouvrages aux Éditions L’Âge d’Homme.