L’état du monde 1989-1990
Cette neuvième livraison d’une synthèse annuelle désormais classique portant sur l’ensemble des problèmes mondiaux, appréhendés principalement sous leur angle géopolitique, mais où faits économiques, démographiques, sociaux, culturels et techniques tiennent toute leur place, apparaît d’autant plus précieuse qu’à l’heure où le monde vit de profonds changements il est fort utile de disposer de repères solides et d’analyses amples et précises.
L’état du monde retrace par conséquent l’évolution des 197 États et territoires de la planète. En raison de leur importance, trente-quatre sont traités en tant que tels : il s’agit bien sûr des États les plus importants en termes de population, de territoire ou de puissance économique. Quant aux autres, ils sont regroupés en trente-trois ensembles géopolitiques. L’Afrique en comprend onze, l’Amérique du Nord deux, l’Amérique centrale et du Sud sept, le Proche et le Moyen-Orient trois, l’Asie orientale six, l’Océanie deux, l’Europe huit, l’Union soviétique formant à juste titre un ensemble géopolitique à lui tout seul, comme d’ailleurs les États-Unis, le Canada, le Brésil, l’Indonésie, la Chine ainsi que l’Inde et sa périphérie. Une telle classification a le mérite de donner une grille de lecture plus fine et de diviser le monde en ses principales aires spatiales. Elle peut paraître critiquable en certains de ses détails, comme pour la Suisse comprise dans l’Europe germanique, application peut-être trop forte du critère linguistique, ou comme pour le Pakistan rangé aux côtés de l’Afghanistan et de l’Iran dans le Moyen-Orient, classification certainement exacte géographiquement, mais qui peut être mise en doute au plan des rivalités de puissances, l’Inde restant pour le Pakistan le souci majeur.
Outre l’étude des principales questions stratégiques de l’année qui va de juin 1988 à juin 1989, quarante-deux articles organisés en onze rubriques font le point des tendances et des événements significatifs de la période. Les principaux conflits et sources de tension sont passés en revue : Caucase, Iran-Irak, Afghanistan, Angola et Namibie, Hongrie-Roumanie, guerre civile au Sud-Soudan. Deux mouvements sociaux sont analysés : l’octobre algérien et le printemps démocratique des étudiants chinois, bien que l’épithète mouvement social puisse paraître ici restrictive. Le dossier de l’année est consacré aux problèmes de l’environnement, dont l’actualité a amplement démontré qu’ils sont devenus une dimension majeure des relations internationales. Deux rubriques ont été créées cette année et il convient de saluer leur arrivée : « Droit et démocratie » et « Démographie ». La première s’interroge sur la fragilité du processus démocratique en Amérique latine, et présente l’état du droit et des libertés en URSS. La seconde se penche sur deux phénomènes d’une grande signification. L’un est la « troisième vague de la natalité chinoise » : en avril 1989, le cap des 1 100 millions d’individus était dépassé, ce qui rend bien improbable la réalisation de l’objectif de contenir cette population à 1 200 millions en l’an 2000, le chiffre de 1 300 étant désormais fixé. Quant à l’autre, il porte sur la baisse de la natalité en République fédérale d’Allemagne (RFA), laquelle a vu sa population décroître d’un million de 1975 à 1986.
Signalons enfin que la principale innovation de cette neuvième édition concerne la cartographie qui a été entièrement renouvelée, avec le soin de préciser particulièrement les délimitations administratives, politiques et territoriales internes de chaque État.
Avec ses tableaux statistiques, ses chronologies et bibliographies ainsi que ses analyses géopolitiques portant sur les principaux États, L’état du monde, qui tient magnifiquement dans le creux de la main et se glisse presque avec aisance dans une poche, constitue un fort utile outil de référence et de travail. ♦