Des imaginations de Jules Verne à la réalité d’aujourd’hui
Les Russes prennent-ils notre force de dissuasion au sérieux ? Oui, si l’on en croit l’article de Krasenskiy, qu’il faut lire certes avec les arrière-pensées suivantes : il s’agit d’abord d’un argument pour la marine soviétique, et ensuite d’un outil politique exploitable pour le désarmement.
Néanmoins… les passages suivants méritent d’être notés : « Qui parmi nous n’a pas été captivé par la lecture du roman de Jules Verne « Vingt mille lieues sous les mers », et n’a pas admiré ce fameux Nautilus sorti de l’imagination hardie du grand écrivain ? Bien peu auraient pu supposer que les meilleures percées de la science et de la technique allaient transformer ce vaisseau vertueux en une force sous-marine terrible, qui menace d’annihiler notre civilisation terrestre. Le Nautilus moderne français, sous la forme d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) correspond à plus de 14 millions de tonnes d’explosif, soit un peu plus de 700 fois la bombe atomique d’Hiroshima.
À la cérémonie du premier départ pour patrouille de combat du SNLE L’Inflexible, le président Mitterrand a déclaré : « La flotte sous-marine nucléaire française peut annihiler 60 millions de personnes dans le camp ennemi en quelques minutes », et furent montrés des schémas de destruction de cibles en territoire soviétique par des têtes nucléaires françaises.
Comment donc le Nautilus a-t-il pu se transformer en un SNLE français moderne, en un tueur sous-marin de cités pacifiques ? »
Suit une bonne description du programme de SNLE français, pour aboutir, en fin d’article, à son avenir : « En novembre 1986, le gouvernement français a lancé un nouveau programme d’augmentation de ses forces armées, au coût de 474 milliards de francs. Ce programme insiste particulièrement sur une nouvelle course aux armements nucléaires stratégiques océaniques : construction d’un septième SNLE, réarmement avec des missiles balistiques à tête multiple M4 de quatre sous-marins de la classe Redoutable, développement du nouveau missile M5. La presse étrangère note qu’à la fin de ce programme, la France compte, vers la moitié des années 1990, avoir plus que triplé le nombre de ses armes nucléaires stratégiques sous-marines.
Voici donc le genre de Nautilus dont la direction militaro-politique française a besoin ! Il est loin d’être vertueux, c’est un porteur de mal, rempli d’armes nucléaires, et capable de plonger le monde dans une catastrophe nucléaire pour réaliser les buts mercenaires d’un petit groupe d’individus. Plus il y aura de Nautilus de ce genre, mieux ce sera ; tel est le credo des cercles actuellement au pouvoir en France, un credo qui a lancé la course aux armements ».
Nous sommes loin de la « bombinette »…♦