The Soviet Defence Enigma: Estimating Costs and Burden
Ce livre est composé de neuf études consacrées à la place des dépenses de défense dans les comptes de la nation et dans les publications statistiques de l’URSS. Les auteurs cherchent à percer les secrets de la comptabilité nationale et la signification réelle des données statistiques soviétiques. Leur effort doit être salué. Il y a, en effet, en Occident, trop de publications où des « soviétologues », qui ne connaissent même pas le russe, écrivent sur la « stratégie » et sur l’URSS en général en essayant de faire passer leurs idées pour des réalités. Dans ce livre, les auteurs présentent et analysent les deux principales méthodes (celle du Gosplan et celle de la direction des statistiques) de présentation des comptes et des chiffres concernant l’économie soviétique en général et son secteur défense en particulier.
Tout d’abord, G. Duchene et D. Steinberg ensemble donnent une vue synthétique sur les comptes de la nation et sur leur présentation. Dans l’étude qui suit, D. Steinberg fait une estimation globale des dépenses militaires soviétiques. Peter Willes, dans sa contribution, décrit le mode d’intégration de celles-ci dans les comptes relatifs à la « distribution » du revenu national soviétique. Puis G. Duchene calcule le coût global de la défense, tandis que K. Mochizuki s’efforce de parvenir à une estimation correcte des dépenses militaires uniquement à partir des comptes nationaux. L’analyse historique de celles-ci depuis Pierre le Grand, faite par D. R. Jones, est excellente et tout à fait claire pour les non-spécialistes de l’économie militaire soviétique. Dans la dernière étude, Alec Nove fait une bonne synthèse des travaux en soulignant les difficultés et les doutes des auteurs.
Ce livre est particulièrement utile, parce que c’est encore un travail de pionnier. En effet, les auteurs ne connaissent pas les règles qui régissent l’établissement des comptes de la nation en URSS, car elles sont un des secrets les mieux gardés du pays. Cela ne veut pas dire que les auteurs ne sont pas des économistes très compétents, ayant une longue expérience dans le domaine étudié. Néanmoins, Igor Birman, que Nove cite dans son chapitre, leur a fourni une approche pleine de promesses mais ils n’ont pas su en tirer suffisamment profit.♦