Armements
Ce petit livre, clair et complet, est susceptible, selon le degré de compétence du lecteur, de constituer pour lui l’instrument d’une information approfondie ou un utile aide-mémoire. L’auteur, contrôleur général du cadre de réserve, n’en est pas à sa première publication dans un domaine dont il possède l’évidente maîtrise.
Des quatre thèmes traités (mutation, réglementation, production, commerce), les deux premiers sont des hors-d’œuvre faisant ressortir en particulier le rôle de l’innovation technologique accélérée au feu des conflits, le phénomène de masse et la nécessité d’une législation détaillée. L’importante notion de « système d’arme » y est présentée, peut-être pas à l’emplacement le plus logique.
Le rang des États-Unis, ancien « arsenal des démocraties », reste le premier. La période contemporaine voit aussi apparaître de nouveaux partenaires pour des motifs variés. Mais le « gros morceau » de l’ouvrage, sa troisième partie, de loin la plus volumineuse, est consacré pour l’essentiel à un panorama précis de l’industrie française des armements. André Collet passe en revue le dispositif de production et les nombreuses spécificités de ses diverses branches. Il met en relief bien naturellement l’industrie nucléaire et la part grandissante de l’électronique. S’il énumère et caractérise les grandes sociétés engagées dans chaque secteur, il souligne la fonction de chef d’orchestre de la Délégation générale pour l’armement (DGA) et évoque les questions épineuses des sous-évaluations financières initiales et de la standardisation interarmées.
Moins descriptive, la dernière partie, revenant sur la seconde, aborde le sujet chaud du commerce des armes ainsi que ses aspects techniques et politiques. Au total, un système français « placé sous haute surveillance », plus cohérent et plus stable que son homologue américain. Mais il n’est facile pour personne parmi les Occidentaux, ne disposant que d’une « base juridique fragile assortie de sections inadaptées », de concilier la recherche des clients et la protection contre le pillage systématique opéré par les Soviétiques.
À l’heure actuelle, l’industrie française éprouve des difficultés à se maintenir dans un marché en déclin. « La conclusion de quelques gros contrats ici ou là ne saurait faire illusion ». Le risque de non-paiement dû à l’aggravation de la dette extérieure de certains acheteurs intervient au moment où « l’exportation qui n’était pas la vocation première (des entreprises concernées) est devenue au gré des années le support indispensable à leur prospérité ».
Au moins bénéficions-nous d’atouts techniques solides et d’une « continuité dans la conduite de notre politique », à l’heure d’entrer dans l’Europe de 1992 où nous avons une place éminente à tenir. Dès à présent, notre pays peut être fier de l’authentique exploit qui, à l’issue des conflits coloniaux, l’a doté d’une panoplie moderne et complète, élaborée en collaboration par les industriels et les utilisateurs, et la faisant entrer dans le club restreint des grands de l’armement. ♦