Textes de Politique Internationale depuis 1945
On connaît l’éclatant succès du « Que sais-je ? » que Charles Zorgbibe, Professeur émérite de droit public, spécialiste des relations internationales, a consacré à l’évolution du monde depuis 1945. Cette réussite est due au fait que l’auteur a su mêler, avec un rare bonheur, la présentation objective des faits à l’exposé convaincant de ses propres convictions. Ainsi, ce que l’objectivité risquait d’apporter en sécheresse s’est trouvé compensé par l’ardeur des préférences de cet observateur exceptionnel de la scène internationale.
Mais il fallait aller plus loin. Zorgbibe a eu l’idée d’appuyer son analyse sur une sélection des « grands textes politiques qui ont rythmé les relations internationales depuis 1945 ». Ainsi dans ce nouvel ouvrage se trouvent présentés quatorze textes, d’une moyenne de sept à huit pages chacun. Ils vont du célèbre rapport Kennan signé X dans Foreign Affairs en 1945 à l’intervention de Henry Kissinger sur l’avenir de l’Otan en 1979, en passant par le rapport Jdanov et le discours du général Marshall (1947), la déclaration Schuman sur l’intégration européenne (1950), le discours de Nasser préludant la nationalisation du canal de Suez (1956), le mémorandum du général de Gaulle à Eisenhower et à Mac Millan (1958), l’article de Khrouchtchev annonçant « le dégel Est-Ouest » (1962), l’article du Quotidien du Peuple sur le schisme sino-soviétique (1963), l’exposé de Brejnev de sa « doctrine » (1968), l’allocution de Willy Brandt sur l’Ostopolitik (1971), l’intervention de Deng Xiaoping devant les Nations unies sur les « Trois Mondes » (1974), le discours de Sadate devant la Knesset (1977) et l’allocution de Nyerere devant le « groupe des 77 » (1979).
Cette sélection peut certes faire l’objet de critiques. On pourra toujours chicaner Zorgbibe sur ses choix et lui reprocher, par exemple, de n’avoir pas repris la déclaration de Bandoeng qui marqua vraiment, en 1955, l’émergence du « Tiers-Monde ». De même certains pourront regretter la part trop belle faite à l’article de Khrouchtchev qui risque de n’apparaître finalement que comme un accident dans l’histoire de l’URSS, alors que ne sont pas reproduits d’autres textes plus « classiques ». Mais au total, ces quatorze documents sont les vrais jalons qui étayent les grandes dates de l’histoire politique du monde depuis quarante ans. À une époque où hélas ! les citations – même chez les auteurs réputés « sérieux » – sont trop souvent tronquées, déformées, sorties de leur contexte ou mal référencées, on doit remercier Zorgbibe et le féliciter d’avoir pris la peine d’aller aux sources du savoir. Reste à espérer que son initiative – décidément fort heureuse – soit largement imitée.