Le Congrès s'apprête à voter un budget de 114 milliards de dollars. Ses intentions de réduire les dépenses militaires et de contrôler plus étroitement le projet de budget n'ont pas résisté aux coups de matraquage d'une propagande électorale qui présente les États-Unis comme étant en position d'infériorité devant le développement de l'armement soviétique. Cette surenchère à la « menace » jouant le rôle de « tigre de papier à usage interne » est dangereuse pour la paix. D'ailleurs, la puissance militaire de l'Union soviétique est suffisamment redoutable dans sa simple réalité pour n'avoir pas besoin d'être aussi grossièrement exagérée.
Le Congrès des États-Unis et le budget de la défense
Lorsque la débâcle vietnamienne a trouvé sa conclusion au printemps 1975, beaucoup d’observateurs ont cru que le budget de la défense, lorsqu’il serait présenté au Congrès, subirait des coupes sombres. Ils ne faisaient que refléter l’opinion des dirigeants du Congrès qui estimaient que « les erreurs des calculs que les généraux et les amiraux semblent avoir commises les rendent aussi vulnérables que les autres responsables ministériels lors des discussions budgétaires » (1). Depuis 1968, en effet, l’armée a quelque peu perdu son auréole d’infaillibilité pour avoir trop souvent prédit au Vietnam un « dernier quart d’heure » qui n’est jamais arrivé. Cette perte de prestige a provoqué, au moins provisoirement, un changement d’attitude très profond à l’égard des décisions de l’establishment militaire. Auparavant, « aucun budget militaire n’était soumis à une évaluation critique par le Congrès — ou par le public. Nous avons adopté des budgets de 70 milliards de dollars après des débats de dix minutes ou d’une heure » (2), reconnaît un sénateur.
Malgré un budget examiné plus soigneusement maintenant, le Pentagone n’a pourtant subi que des refus symboliques de la part des parlementaires. Comme le note un groupe de travail des représentants démocrates : « Jusqu’au printemps 1973, le Congrès a donné à tous les Présidents tout ce qu’ils ont demandé en matière de décisions politiques et de crédits pour l’Indochine » (3). Aucun programme majeur d’armements n’a jamais été refusé par le Congrès. À vrai dire, le seul responsable d’un budget de la défense relativement moins important que par le passé est… l’inflation.
Contre toute attente, 1975 n’a pas fait exception à la règle : malgré des discussions parfois acerbes, le Congrès n’a pas vraiment réussi à réduire le budget militaire. Comme le notait un éditorial du Washington Post : « La raison pour laquelle ces programmes militaires n’ont pas été réduits est double : indiquer à l’étranger que la volonté américaine n’était pas atteinte par l’évacuation du Vietnam et laisser intactes les industries de défense en un temps de chômage excessif » (4). Sur ce dernier point, on peut en effet noter que les industries d’armement sont celles qui souffriront le moins de la crise que les États-Unis traversent encore en 1975 (5).
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