Les deux bombes
Au titre volontiers provocateur, l’ouvrage de Pierre Péan opère un amalgame entre la constitution du potentiel nucléaire israélien et l’aide apportée par la France à l’Irak depuis 1975-1976 en vue d’accroître ses capacités de recherche en cette matière. Cette comparaison est bien audacieuse car les données ne sont pas identiques dans les deux cas.
Que la France, pendant les années 1950, et ce dans un contexte bien particulier, ait apporté son aide politique, scientifique et technique à l’État hébreu est désormais chose bien connue. Mais le courant ne fut pas à sens unique et c’est l’une des motivations de cette entreprise de coopération, inédite dans l’histoire atomique. Ne l’oublions pas, la France était alors mise à l’écart par le club des Anglo-Saxons. Pour Pierre Péan, c’est le souvenir de cette coopération passée, sachant jusqu’où elle pouvait éventuellement aboutir, qui aurait poussé Menahem Begin à bombarder Tamuz en juin 1981. Mais il ne s’agit là que d’une présomption : les recherches poursuivies en Irak ne permettaient pas de déduire que ce pays était sur le point d’approcher le seuil nucléaire.
Quoi qu’il en soit, cette enquête assez minutieuse ne manque pas d’intérêt. Elle éclaire les conditions de développement de la filière nucléaire, ses enjeux et ses dilemmes. Tous ces thèmes graves suscitent bien des interrogations, l’étude présentée par Pierre Péan fait figure de témoignage utile. ♦