Rapport sur la résistance afghane
Ce volume donne, en une centaine de pages, un rapport fait pour l’Institut international d’études stratégiques de Londres à la suite de deux voyages effectués par l’auteur dans deux provinces de l’Afghanistan (Paktyâ et Kunar) et à Pesharvar, en juin et en octobre-novembre 1980. Il contient 9 cartes très claires et, en annexe, une chronologie allant de 1747 à mars 1981, un texte de Toukhatchevski sur « la lutte contre le banditisme », un relevé de nouvelles économiques en 1979 et en 1980 données par l’agence Tass et l’agence afghane Bakhtar.
Dans cet ouvrage, Gérard Chaliand situe la révolte afghane dans son contexte historique et dans son cadre interne et externe. Il apparaît surtout que la résistance afghane, par son caractère spontané et inorganisé, est très différente de celles que l’on a connues jusqu’ici dans le Tiers-Monde, ce que Gérard Chaliand traduit en disant que les Afghans font la guérilla et non la guerre révolutionnaire. C’est leur grande faiblesse car ils manquent de cadres, surtout de cadres moyens, et n’ont aucun projet politique à proposer. On peut cependant penser que leurs divisions de tous ordres vont finir par déboucher sur un véritable nationalisme.
Gérard Chaliand cherche à minimiser les pertes soviétiques, mais il fait état de 6 000 à 8 000 morts en 1980, soit près de 10 % des effectifs. C’est beaucoup. Il semble que la méthode qu’ils utilisent soit d’isoler la révolte, de « créer » des réfugiés et de mener une politique tribale classique. Le temps travaille pour eux et ils pensent que l’Occident finira par admettre l’affaire. Pour l’instant cependant, la révolte n’est pas brisée. Il n’en reste pas moins que l’Union soviétique a amélioré ses positions, quelles que soient les hypothèses que l’on fasse sur les raisons profondes de son intervention. Le Pakistan est fragile et ne peut faire grand-chose. La Chine est fort intéressée. En conclusion, « l’affaire d’Afghanistan, à moins d’être éclipsée par une crise plus grave et plus proche du théâtre occidental, sera bientôt non une affaire classée, mais un des points de tension majeurs dans les années à venir ». ♦