Towards a Grand Strategy for Global Freedom
Dans ce petit volume, dont l’introduction est de Lord Home, Geoffroy Stewart-Smith, directeur du Foreign Affairs Research Institute britannique, a rassemblé les textes de dix exposés présentés lors d’une conférence tenue au château de Leeds, Kent, du 14 au 27 juillet 1980, avec une quarantaine de spécialistes appartenant à 14 pays du Monde libre réunis pour étudier une stratégie mondiale face à celle des Soviétiques, tout en se démarquant des thèses de l’Institut international d’études stratégiques de Londres (IISS).
Il existe une grande convergence d’idées entre ces dix textes. L’idée de départ du raisonnement, donnée par le professeur Docteur Werner Kaltefleiter (RFA), est que la stratégie de l’Occident a échoué, le mot détente n’ayant pas le même sens à l’Est et à l’Ouest. L’air-vice-marshal S.W.B. Menaul est le seul qui cantonne son étude aux problèmes nucléaires stratégiques et à la défense de l’Europe. Les autres orateurs, à la suite du docteur Frank Barnett (États-Unis), considèrent que, la stratégie soviétique étant devenue intercontinentale, l’Otan devra être défendu en dehors de sa zone géographique propre. Ceci amène à insister sur le problème des ressources en pétrole et en matières premières, ce que fait en particulier J William Middendorf, ancien secrétaire américain à la Marine, qui réclame une stratégie dans ce domaine et fait état de ce qui est, pour lui, l’échec de la 3e conférence sur le droit de la mer. D’autres participants mettent en avant le rôle de la puissance maritime, des transports et du commerce océaniques (vice-amiral Sir Louis Le Bailly). L’importance de l’Afrique du Sud est plusieurs fois évoquée et longuement développée par le professeur D.T. Kunert, de l’université de Witwatersrand, à Johannesburg.
Les propositions constructives sont surtout le fait de deux Américains, le docteur Frank R. Barnett, qui propose ce qu’il appelle une alliance tri-océanique, et le docteur Ray S. Cline, qui suggère un « All océans alliance » (une alliance de tous les océans). Cette dernière rassemblerait d’abord onze nations (dont Israël et Taiwan) auxquelles pourraient se joindre d’autres allant de l’Espagne à l’Indonésie. Les États-Unis en assureraient le « leadership » et devraient mettre sur pied une stratégie destinée à empêcher tout changement d’équilibre, en particulier dans le Golfe Persique. Deux autres Américains, Miss Jacqueline K. Davis et surtout le docteur Miles Costick, président de l’Institute of Strategic Trade de Washington, recommandent d’éviter toute aide aux Soviétiques, en particulier dans le domaine agricole et technologique, et préconisent un renforcement des contrôles du COCOM (Coordinating Comitee for Multilateral Export Controls). Le docteur Ian Tsunoda étudie surtout les problèmes de l’Extrême-Orient mais propose, de son côté, une sorte de super Otan couvrant toutes les alliances du monde libre.
On voit donc l’orientation générale de ce livre. Personne ne sera étonné de savoir que, dans ces textes, les termes de Heartland et de Rimland sont constamment employés. Il est également fait référence à Sir Halford Mackinder et à Mahan. La géopolitique et la géostratégie, dans leur sens le plus classique de l’opposition de la puissance maritime et de la puissance continentale, reviennent à la mode. ♦