La nouvelle donne énergétique /
Géographie des matières premières minérales
L’importance des matières premières minérales ou énergétiques n’est désormais plus à démontrer, mais la perception de ces phénomènes reste encore trop générale et abstraite. Ces deux ouvrages de géographie sont bien utiles, car ils nous replacent les choses selon de justes proportions.
La géographie des matières premières minérales est un panorama fort complet de l’état des ressources, réserves, échanges, localisation et utilisation de la vingtaine des principaux minerais dont, en volume, six seulement constituent 95 % de la production mondiale (fer, bauxite, manganèse, cuivre, chromite). L’inégalité est le trait dominant en matière de répartition géographique. 40 % des réserves sont détenues par les pays industrialisés, 30 % par les pays socialistes, le reste (30 %) par le Tiers-Monde, 80 % des réserves disponibles des pays industrialisés sont situés dans quatre pays (États-Unis, Canada, Australie et Afrique du Sud). Même taux de concentration pour le camp socialiste pour la seule Union soviétique. Quant aux pays en voie de développement, on retrouve un petit nombre de pays (Brésil, Inde, Malaisie, Zaïre, Pérou, Mexique, Philippines, Bolivie, Indonésie, Chili, Gabon, Algérie). Pour seize substances, cinq pays détiennent 75 % des réserves, et pour les autres les cinq pays qui arrivent en tête ne totalisent jamais moins de 65 % des réserves mondiales.
Au niveau de la consommation, on retrouve le fossé traditionnel entre pays industrialisés et pays en voie de développement. Ceux-ci ne consomment que 8 % des métaux extraits dans le monde, alors que les nations occidentales absorbent 68 % de la production mondiale et les pays socialistes 24 %. Si la consommation par habitant dans l’ensemble du monde était la même qu’aux États-Unis, la production minérale devrait être multipliée par cinq, et en trois ans toutes les réserves actuellement connues seraient épuisées.
Cette géographie des matières premières minérales éclaire bien des enjeux politiques d’aujourd’hui. Et il n’est pas difficile au lecteur de faire vivre tableaux et schémas techniques de cet ouvrage. On y découvre le jeu véritable des acteurs et maints points chauds de la planète. Dommage que certains aspects généraux n’aient pu être traités de manière plus approfondie (stocks stratégiques, interpénétration des secteurs pétroliers et miniers, politiques nationales de la recherche…).
La nouvelle donne énergétique se situe dans une perspective semblable, D. Curran fait le point des évolutions intervenues au cours de la décennie soixante-dix. Il met en place les principaux acteurs, illustre la géographie des décisions à l’aide de cas concrets. En passant en revue les marchés et politiques énergétiques depuis 1970, il met en valeur les différentes contraintes pesant en la matière. Enfin, il traite plus particulièrement des grands espaces énergétiques que sont les États-Unis, l’Europe occidentale, le Japon, le CAEM (Conseil d’assistance économique mutuelle) et l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole).
Ces deux tableaux concrets de graves enjeux mondiaux sont d’utiles moyens de connaissance que tout décideur devrait désormais bien posséder. ♦