Histoire des parachutistes français-La guerre para de 1939 à 1979
Le colonel Henri Le Mire fait partie de cette brochette de soldats exemplaires qui, engagés sur tous les théâtres, confrontés à toutes les formes de la guerre terrestre, prêts à tous les sacrifices, et parachutistes de surcroît, ne doivent qu’à leur seule baraka (chance) de pouvoir témoigner aujourd’hui de l’héroïsme des compagnons d’armes, humbles ou superbes, tombés à leurs côtés.
Il nous parle cette fois de ceux qu’il connaît le mieux, les paras. Leur histoire, qu’il aurait pu traiter de façon technique, il a choisi de nous la présenter comme un journal de marche de leurs engagements successifs depuis leur naissance, en 1939, jusqu’au fait d’armes des bérets verts en 1979. C’est un travail considérable, très complet et détaillé, d’une exactitude tactique rigoureuse, moins fouillé dans ses aspects stratégiques ou politiques, écrit d’une plume alerte et claire, qui sait ne pas sombrer dans le pathos ou l’emphase, même lorsque la situation atteint, et c’est souvent le cas, au véritable drame.
Retenons en particulier, dans cette histoire sans oubli, quelques chapitres importants, éclairés de bons schémas : le désastre de la RC 4 (1950), les combats de Na San (1952-1953), Dien Bien-Phu (1953-1954), l’expédition d’Égypte (1956), la bataille de Bizerte (1961), la bataille des frontières (Algérie 1958). Chaque fois, le rôle des parachutistes a été déterminant soit dans l’heureuse issue de nos attaques, soit dans l’efficacité meurtrière de notre défense.
Cette œuvre attachante, réconfortante pour notre jeunesse, et documentaire pour les historiens, n’a pu cependant éviter deux écueils. En premier lieu, sa lecture risque d’être difficile et ingrate pour ceux qui ne sont pas familiers de la géographie physique et humaine des champs de bataille évoqués. Trop de noms de lieux, d’unités à initiales changeantes, de responsables amis ou ennemis s’y enchaînent pour ne pas risquer d’égarer le lecteur. Des cartes et des croquis plus nombreux aideraient beaucoup à s’y retrouver.
D’autre part, remarque plus importante sans doute, nous avons noté une tendance à toujours expliquer nos insuccès tactiques par une inadéquation des objectifs et des moyens, mais jamais du fait de l’exécution de la manœuvre, en particulier de celle conduite par les paras. C’est probablement exact dans la grande majorité des cas, surtout dans les grandes batailles livrées à notre initiative ; ce l’est moins des combats défensifs où l’initiative des moyens et petits échelons devient capitale. Faire, en outre, du haut-commandement un bouc émissaire systématique, c’est méconnaître les difficultés auxquelles celui-ci se heurtait pour concilier des inconciliables, en pleine conscience que se démettre n’aurait fait qu’aggraver les problèmes.
Il n’en est pas moins vrai que ce livre démontre que les formations parachutistes, fortement encadrées en nombre et en qualité, sélectionnées par l’aptitude et le volontariat, sévèrement et efficacement entraînées, soutenues par un vigoureux esprit de corps, constituent une élite dont les hauts faits passés éclairent l’armée tout entière et sont, pour l’avenir, un des meilleurs garants de notre Défense nationale. ♦