Le Québec
L’auteur décrit le Québec, son aspect physique, son peuplement. Il relate comment cette province, malgré la stagnation qui l’a longtemps caractérisée, se modernise à pas de géant, et comment, fidèle à ses origines françaises, elle cherche à affirmer sa personnalité propre. Il ne dissimule pas les difficultés auxquelles se heurtent encore les aspirations québécoises malgré les atouts considérables dont dispose le pays.
À la mort de Champlain, en 1635, les colons français sont au nombre de 200. Ils sont 2 000 en 1663, 65 000 après le Traité de Paris en 1763. Après cette date, il n’y aura plus de colons venant de France, mais à la fin du XIXe siècle, le nombre de Québécois de souche française s’élève à 1 300 0000. Ce sont eux qui ont rendu habitable et mis en valeur un pays froid, neigeux, parsemé de lacs et couvert de forêts. En 1976 ils représentent 80 % d’une population totale de 6 234 000 habitants. Nonobstant leur vaine révolte de 1837, malgré la naissance d’un nationalisme canadien français, les francophones restent longtemps encadrés par le pouvoir économique des anglophones et par une Église catholique profondément conservatrice et méfiante quant à leur affranchissement politique. Mais les choses changent après 1960. Ce pays de paysans et de bûcherons modernise son agriculture et s’industrialise. La pâte à papier, les mines, l’énergie hydraulique, les industries de pointe, le secteur tertiaire prennent un extraordinaire essor. Le Saint-Laurent devient une voie maritime et Montréal un grand carrefour international. L’éducation rénove ses méthodes et la vie culturelle s’intensifie. La communauté française aspire à prendre pleinement en mains son destin. Les relations entre le Québec et la France se renforcent. En bref, les Québécois veulent échapper à la tutelle d’Ottawa et à la mainmise sur leur pays de la minorité anglophone.
Y parviendront-ils pleinement et peut-on dire que le Québec soit à la veille de l’indépendance ? C’est une formule « souveraineté-association » que le gouvernement québécois a adoptée. Il aura cependant à tenir compte des droits de la minorité anglophone et de ce qu’il est convenu d’appeler les pesanteurs sociologiques. À cet égard un fait n’est pas sans signification : dans la province, le nombre des francophones parlant l’anglais est sensiblement supérieur à celui des anglophones parlant le français. La part des capitaux anglo-saxons dans l’économie québécoise est considérable, à Montréal notamment. Et il ne faut pas se dissimuler la méfiance des Anglo-Saxons ni l’importance des moyens de pression dont ils disposent. L’auteur pense que, une fois tranché le débat préalable sur le principe de la souveraineté, la négociation sur les modalités de l’association « reste largement ouverte ».
Quoi qu’il en soit, la naissance d’un État francophone sur le continent américain ne laisse personne indifférent.
Le livre de Pierre George, d’une grande densité et accompagné d’utiles cartes dans le texte, ne se borne pas à décrire le pays et la progression de son économie. Il présente aussi les données humaines et politiques du problème du Québec libre. ♦