Le troisième conflit mondial
Bernard Esambert a voué une brillante carrière au développement industriel de la France. Il a poursuivi cette grande et noble ambition d’abord dans le secteur public comme haut fonctionnaire à Matignon et à l’Élysée, puis dans le secteur privé comme directeur du Crédit Lyonnais, avant de devenir président de la Compagnie financière du groupe E. de Rothschild. Cursus honorum exemplaire pour un polytechnicien, sorti dans les Mines ! Ainsi, mis au contact des réalités, put-il constater que la France n’était pas seule dans la course aux biens matériels : une compétition acharnée opposait les pays développés les uns aux autres et ceux-ci aux pays en voie de développement. Cette compétition prenait, à bien des égards, l’allure d’un conflit mondial. D’où le titre du présent ouvrage, qui traite d’industrie, de commerce, de banque, de monnaies, de crises etc. en termes empruntés à l’art militaire.
Le proverbe Comparaison n’est pas raison permet de mesurer le caractère quelque peu artificiel de cet éclairage des problèmes de l’actualité économique. Mais après tout, cela n’importe guère, du moment que ces problèmes sont traités, et ils le sont très complètement et à fond.
D’aucuns reprocheront cependant à Bernard Esambert de les traiter un peu longuement. C’est sans doute qu’il sait, sur chacun d’eux, trop de choses ! Heureusement, ce sont souvent des choses que le commun des mortels, éloigné des vrais centres d’information et de décision, ne soupçonnait même pas ! Quoi qu’il en soit, le résultat est qu’un ouvrage qui se voulait de synthèse a pris, à bien des égards, la façon d’un ouvrage de référence.
L’aisance avec laquelle l’auteur manie les sujets les plus ardus, la logique sans faille avec laquelle il enchaîne ses idées, l’élégance qu’il met à les exprimer, le ton de bonne compagnie, à peine condescendant, dans lequel il enrobe le tout, font de cet ouvrage un parfait exemple de ce qui, dit-on, étonne parfois les étrangers au contact de nos dirigeants d’élite : leur conviction qu’un problème bien posé est un problème résolu. Un hebdomadaire lancé récemment et qui promet de tout expliquer aux lecteurs a pris pour devise : « Écrire le monde, c’est déjà le refaire ». ♦