Les crêtes de la mort
Quelque part au nord du fleuve Rouge, à l’est de Hanoï, une ligne de crêtes sauvages et abruptes annonce l’approche du delta tonkinois. À la fois point de repère et obstacle naturel, elle marque aussi les portes de l’enfer pour les équipages de l’US Air Force, qui ont reçu mission d’attaquer les objectifs militaires proches de la capitale du Nord-Vietnam. Un enfer en effet que l’ensemble formé par ces Mikoyan-Gourevitch Mig-21, missiles SAM-2, canons antiaériens de tous calibres et armes automatiques diverses qui constituent le plus formidable système de défense antiaérienne que la guerre moderne ait jusque-là suscité ! De là vient le surnom sinistre que les aviateurs américains ont, à juste raison, donné à cette chaîne montagneuse : « Les crêtes de la mort ».
Durant trois années, au prix de sacrifices quotidiens, l’escadre de chasseurs-bombardiers Republic F-105 Thunderchief que commande le colonel Jack Broughton, affronte le piège dantesque tendu autour de Hanoï. Ce sont les souvenirs de cette bataille sans merci qu’il nous conte dans un livre vivant en forme d’épopée.
Récit de technicien et de combattant, il comble un vide étrange dans la bibliographie des opérations aériennes survenues depuis la guerre de Corée, comme le souligne justement Pierre Clostermann. Peut-être sommes-nous plus touchés encore par l’aspect humain de ce chant de soldat, par ce cri souvent douloureux d’un homme de devoir au service de sa patrie, se sentant devenir peu à peu un centurion mal aimé, engage dans une guerre à l’issue douteuse.
Officier, pilote, ingénieur et docteur en philosophie, le colonel Broughton puise tour à tour dans les multiples ressources de sa culture et de son expérience pour nous faire partager les événements dramatiques d’une histoire qu’il a intensément vécue. ♦