Les clartés du jour
Vous voulez passer une soirée tranquille, à la fois reposante, distrayante et, pourquoi pas ? enrichissante. Rien ne vous tente au cinéma, ni au théâtre. Le programme de la TV est plus médiocre que d’habitude. Vous n’avez pas envie d’écouter de la musique. Prenez alors Les clartés du jour, calez-vous dans un bon fauteuil, et « tournez le bouton ». Vous ne le regretterez pas ! Les souvenirs que Michel Droit égrène dans ce Journal des années 1963, 1964 et 1965 sont nos propres souvenirs. Nous n’étions pas placés comme lui, sans doute. Nous n’avions pas, à l’époque, interprété comme lui les événements. Nos réactions ont été différentes.
Mais au fait ! pourquoi ? Avions-nous, avait-il, raison ? Intéressant ! Nous avions ignoré certaines péripéties : étaient-elles importantes ? Nous n’avons pas connu les mêmes personnages que lui, mais d’autres, peut-être plus représentatifs ? En tout cas, cette vie au jour le jour des Français et de la France a été la nôtre, tout autant que la sienne. Nous refermons le livre, rêvassons encore quelques instants, et pensons à autre chose.
Qu’aurons-nous retenu ? Certainement la fin du livre, où Michel Droit nous raconte très en détail – et il est un excellent conteur – tous les préparatifs et le déroulement des trois interviews télévisées auxquelles le général de Gaulle, après bien des hésitations, avait décidé, pour la première fois, de se soumettre entre les deux tours des élections présidentielles de 1965. Le récit est très vivant ; de Gaulle apparaît aussi surprenant et aussi inattendu que toujours. Nous retiendrons peut-être aussi ce que nous raconte Michel Droit, à l’époque directeur du Figaro Littéraire, sur la crise du Figaro après la mort de Pierre Brisson. Cette mort a certainement marqué la fin d’une certaine conception du journalisme en France. Nous en observons encore aujourd’hui les séquelles. Pour le reste, nous retrouvons Michel Droit tel qu’il nous était apparu à travers son premier livre de souvenirs Les feux du crépuscule (dont nous avons rendu compte dans le numéro d’octobre 1977 de la Revue), c’est-à-dire amateur de bons mots, (qu’il sait, quand ils sont de lui, rendre très acérés) de dîners en ville, d’anecdotes spirituelles – le tout bien mis en scène et finement « rédigé » (comme n’aurait pas manqué de dire la duchesse de Guermantes qui aurait certainement apprécié son esprit). ♦