Pétain et le régime de Vichy
Ce nouveau Que sais-je ? est dû à la plume de notre meilleur spécialiste en matière d’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Synthèse dense et complète, elle fait le point sur un certain nombre de problèmes posés par cette période sombre de l’histoire de la France.
L’auteur montre d’abord l’ambiguïté de l’armistice : Pétain, en le réclamant, ne pensait pas à une reprise ultérieure du combat, mais considérait que la guerre était finie et qu’il valait mieux s’entendre avec l’occupant. L’auteur fait alors remarquer que la collaboration est une tactique et que la Révolution nationale est une politique ; or, la Révolution nationale n’était pas réalisable sans la collaboration.
Henri Michel démontre ainsi la logique du régime de Vichy qui ne choisit pas le parti du vainqueur dans le but d’alléger les exigences allemandes, mais bien pour détruire le régime démocratique tant détesté de la IIIe République : « Vichy a été la réaction triomphante puis fascinante ». Dans ces conditions, le régime de Vichy, prisonnier de sa politique, était incapable de protéger les Français contre l’occupant. En comparant avec les situations belge, hollandaise ou danoise, l’auteur remarque que la France n’a pas obtenu de traitement de faveur. Cette politique désastreuse a failli faire perdre à la France sa place parmi les Alliés lors de la victoire ; « Sans la gloire dévoyée du Maréchal Pétain, sans le régime qu’il a institué à Vichy, la France, comme la Pologne, aurait été tout entière résistante ».
Tout ceci montre l’habileté de l’occupant qui a demandé à un Gouvernement français de lui procurer ce qu’il n’aurait pu obtenir seul dans les domaines politique, administratif ou économique. Le régime de Vichy se rend compte trop tard de l’erreur de son choix, il ne peut alors se renier (comme en Italie), prisonnier qu’il est de la liaison entre collaboration et Révolution nationale.
L’ouvrage tente de faire une mise au point objective de cette période pour laquelle l’historiographie n’est pas encore sereine : « Le visage moderne de la France a été dessiné, en partie pendant, mais contre le régime de Vichy ». ♦