Études sur le combat. Combat antique et combat moderne
Il faut dénoncer avec vigueur les abus commis au nom de la notion de dissuasion : beaucoup emploient ce terme comme si la finalité qu’il indique avait déjà rempli son objet. En prononçant le mot magique « dissuasion » ils s’imaginent avoir exorcisé la guerre. De là à dire que la défense aujourd’hui n’a plus rien à faire du courage et des vertus morales qu’exigeait le combat de jadis, puisqu’on tient pour certain qu’on n’aura plus à le livrer, il n’y a qu’un pas trop souvent franchi – sans même parfois qu’on s’en rende compte.
Aussi nous réjouirons-nous de voir enfin un livre qui réhabilite cette notion fondamentale du moral sans lequel il ne peut y avoir aucune arme ni aucune défense : ce livre n’est autre que la réédition des études sur le combat antique et sur le combat moderne publiées en 1876 et 1877 dans le Bulletin de la Réunion des officiers et qui sont l’œuvre du colonel Ardant du Picq, tué à Metz en 1870, un homme de plume autant que d’épée dont l’œuvre allait nourrir la pensée d’un jeune officier : Charles de Gaulle.
Ardant du Picq s’était proposé de faire ressortir l’influence considérable de l’élément moral dans le combat, influence qui, en dépit de tous les perfectionnements matériels ou tactiques, a été et restera la condition première du succès. Sous l’empire de cette grande idée, le colonel Ardant du Picq avait étudié et approfondi les œuvres des auteurs militaires anciens et modernes : il y avait joint la critique raisonnée des actions de guerre auxquelles il avait pris part.
Ces études embrassent deux parties, le combat antique et le combat moderne : la première seule a été entièrement achevée par l’auteur et laissée par lui prête à être imprimée, la seconde, posthume, a été constituée de documents inédits, d’articles imprimés et de notes manuscrites.
Rappelons le jugement que Barbey d’Aurevilly portait sur cet ouvrage : « un livre didactique qui, pour moi, a des ailes comme une poésie céleste et qui m’a ravi au-dessus et bien loin des abjections matérialistes de mon temps ! ». ♦