Sociologie des relations internationales
Cette nouvelle édition d’un ouvrage dont l’éloge n’est plus à faire après le succès de la première édition, est bien plus que la reproduction du texte d’origine ou qu’une simple mise à jour, car de nombreux chapitres ont été refondus, voire entièrement réécrits.
De lecture agréable – grâce à un style aéré, précis et clair – ce livre constitue une réflexion substantielle et utile, aussi bien pour l’étudiant que pour « l’honnête homme », voire même pour le praticien, sur les problèmes généraux qui se posent à propos des relations internationales.
Après un exposé des diverses théories concernant la nature des relations internationales – conceptions classiques, conceptions marxistes, méthodes d’approche anglo-saxonnes – M. Merle étudie, sous le vocable général de « milieu international » les différents facteurs qui peuvent exercer une influence sur ces relations : données naturelles, état des techniques, conditions économiques, démographie, etc. puis il examine les « acteurs » de la vie internationale, c’est-à-dire d’abord les États, mais aussi les organisations intergouvernementales et les forces transnationales. Enfin, il décrit ce qu’il appelle le « système » international, le mot « système » se rapportant aux relations dynamiques entre le milieu et les acteurs précédemment évoqués.
Les différentes parties de ce livre se complètent très heureusement les unes les autres. La première partie, concernant les théories, peut, de prime abord, paraître un peu abstraite. Mais cette impression s’atténue au fur et à mesure que le propos de l’auteur apparaît plus clairement à la lecture des autres parties. Celles qui concernent « le milieu international » et surtout « les acteurs » puis le « système international » – et qui constituent le corps du livre – fourmillent d’observations judicieuses et pénétrantes illustrées par des exemples pertinents dont on peut seulement regretter la relative rareté et, parfois, le caractère un peu fragmentaire. Mais n’est-ce pas là l’écueil inévitable d’un ouvrage qui se veut d’abord didactique et qui, à ce titre, se trouve obligé de donner la priorité aux développements théoriques ? Sans doute est-ce le même souci didactique qui a incité l’auteur à mettre l’accent sur les oppositions des diverses théories plutôt que sur leurs convergences possibles.
L’étude concrète du fonctionnement du « système international » montre bien d’ailleurs que le Professeur Merle n’est pas dupe des exigences formelles de son exposé. Constatant que l’État-nation n’est plus, comme au XIXe siècle, l’acteur unique et incontesté des relations internationales, mais qu’il n’en garde pas moins un rôle central, il écrit en pesant visiblement chaque mot : « Si faible que soit devenu le consensus à l’intérieur de beaucoup d’États-nations, il est encore plus fort que la solidarité transnationale ou internationale ». On ne peut mieux dire pour tenter de faire le point d’une évolution dont personne ne peut prévoir la suite.
Par son objectivité et son souci de ne rien laisser dans l’ombre, le livre du Professeur Merle doit avoir sa place dans la bibliothèque de tous ceux qui veulent réfléchir sur les problèmes de la vie internationale. ♦