Cette étude très fouillée et extrêmement intéressante s’étend sur un domaine plus vaste encore que son titre ne semblerait l’annoncer. S’étant proposé de traiter la défense française contre la poussée germanique qui s’est sans cesse renouvelée au cours des derniers siècles, l’auteur a été amené à recourir à l’histoire qu’il explore depuis l’époque de la constitution dans ses grandes lignes de notre frontière nord-est, c’est-à-dire depuis le règne de Louis XIV.

Au reste, si le fil conducteur de son livre reste bien le système de fortification dont la France est dotée successivement par Vauban puis par Séré de Rivière, le sujet amène l’auteur à discuter avec un sens très averti de l’évolution générale des conceptions militaires au cours de cette période de plus de trois siècles. En particulier la combinaison de la fortification avec la manœuvre est analysée avec beaucoup d’à propos.

Après une étude très approfondie de ceux des événements de la guerre de 1914-1918 qui sont en rapport avec son sujet, l’auteur tire des conclusions philosophiques et morales dont nous ne pouvons mieux faire que de citer les dernières lignes.

« Aussi, sous cette expresse condition du contact étroit avec les réalités, il est réconfortant de pouvoir conclure, de la façon la plus ferme, à la prééminence de l’esprit sur la matière dans le domaine militaire.

« Cette considération s’élève au-dessus de toutes les autres : elle garantit la justesse des conceptions, l’efficacité des moyens, l’harmonie dans leur mise en application. En dernière analyse, elle doit être à la base de toutes les combinaisons destinées à protéger de l’invasion notre sol privilégié sur lequel tant de trésors moraux, intellectuels et artistiques ont été accumulés par de longs siècles d’une civilisation supérieure, d’essence spiritualiste.

« Parure de ce magnifique patrimoine, la domination de l’esprit sur la matière en est aussi la sauvegarde. »

Il faut avoir lu ce livre de haute aspiration.