« La couverture en temps de paix »
Le général Valentino Bobbio, dans un article extrêmement intéressant de la Revue Militaire italienne, étudie d’une façon pénétrante le rôle et la dignité du frontalier.
Les frontières de l’Italie étant entièrement en pays de montagnes, il associe naturellement l’idée de leur garde et de leur défense à la vie rude des montagnards et en déduit la nécessité de faire pour ces populations d’utiles sacrifices ; la question de leur donner des facilités de tous genres y est étudiée à fond, il déplore l’attrait que les villes exercent sur les habitants des montagnes, et il montre que si le reboisement est une nécessité, la plante qui a le plus besoin de reboisement est la plante humaine.
« Il est hors de doute qu’une population de frontière fidèle, attachée à son sol, armée d’un esprit de nationalisme puissant, représente une force de premier ordre pour la sécurité, constitue une bonne et solide cuirasse ajoutée aux difficultés et à l’âpreté du terrain de montagne. »
« L’amour de la patrie aux frontières doit s’élever à la hauteur d’une religion et veut de ce fait de vrais prêtres, mais on ne peut prétendre sans donner de facilité de vie appropriée que celui qui a un devoir noble et rude soit aussi riche de vertu civique, qu’il ait cet esprit héroïque de sacrifice jusqu’au martyre qui anime les missionnaires du Christ. »
Le général Bobbio parle ensuite du devoir matériel et moral des troupes en garnison sur les frontières et de l’influence profonde et heureuse qu’elles peuvent et doivent exercer sur les habitants, et il termine par cette phrase :
« Les frontières sont les autels de la patrie sur lesquels dans les heures solennelles on doit savoir donner sa vie en holocauste, elles sont et doivent être sacrées, elles veulent être toujours occupées sans attendre l’appel de la cloche d’alarme. »