The Time for Decision
Le livre qu'a publié l'ancien secrétaire d'État des États-Unis, a une importance particulière, étant donné l'influence décisive que son auteur a exercée sur la politique générale des États-Unis et le rôle éminent qu'il continue à jouer dans la politique internationale. Une des thèses essentielles soutenue par l'ancien secrétaire d'État, avant même la défaite de l'Allemagne, fut la nécessité de supprimer le militarisme, l'État-major général du Reich, et d'apporter à la structure centralisée de ce dernier des modifications radicales.
Pour M. Sumner Welles, la campagne tapageuse menée en faveur de l'union de tous les peuples de race allemande fut, en effet, en grande partie, l'œuvre de l'État-major général, tout autant que celle du Führer lui-même. Or, la centralisation de l'Allemagne est récente, et la période pendant laquelle les diverses nations allemandes ont été dirigées par la Prusse est extrêmement brève, si on la compare au reste de l'histoire de l'Allemagne.
En tout cas, si l'Allemagne devait être démembrée dans le seul dessein de l'empêcher de constituer à nouveau une menace pour la paix, du point de vue militaire, on pourrait, selon M. Stettinius, envisager la répartition du Reich en trois États distincts dont les frontières sont déterminées essentiellement par des facteurs culturels, historiques et économiques :
1° Un nouvel État de l'Allemagne du Sud à prédominance catholique ;
2° Un État comprenant les anciennes régions allemandes suivantes, ainsi que les régions de moindre superficie qui leur sont contiguës : Haute-Hesse, Thuringe, Westphalie, Hanovre, Oldenburg, et Hambourg ;
3° Un État comprenant la Prusse (à l'exclusion de la Prusse orientale), le Mecklembourg et la Saxe.
Quant au problème de la Prusse orientale, il intéresse non seulement la sécurité mondiale, mais celle de l'Europe orientale. La seule solution possible à envisager à cet égard, consiste à donner à la Pologne les provinces de Prusse orientale, à réajuster la frontière de la Prusse occidentale et l'ancien couloir polonais, et de laisser à la Pologne les ports de Dantzig et de Gdynia.
M. Sumner Welles ne recule point, d'ailleurs, devant la solution du transfert des populations qui aurait lieu pendant une période de temps raisonnable et sous la surveillance directe de l'organisation internationale.
Le traitement que les Nations Unies doivent accorder à l'Allemagne après la victoire ne doit être, selon l'auteur, ni draconien, ni animé par l'esprit de vengeance, mais formulé en tenant compte du fait que l'Allemagne a deux fois, en un quart de siècle, plongé l'humanité dans la guerre et la désolation.