Le Charbon
M. Eugène Schneider, maître de forges célèbre, avait consacré ses rares loisirs, pendant de nombreuses années, à la rédaction de cette fort intéressante synthèse relative à l’histoire et au rôle du charbon dans le passé, dans le monde moderne et dans la science. Joliment illustré, ce livre intéressera le chercheur par les évocations pittoresques qu’il y trouvera, dans l’histoire de l’exploitation du précieux combustible depuis l’Antiquité et le Moyen-Âge. Nous y voyons fort clairement développer l’évolution de cette industrie en France ; ceci suppose, d’ailleurs, de la part de l’auteur, des connaissances extrêmement variées, puisqu’il doit tenir compte des travaux d’érudition relatifs aux différents pays de notre nation.
Que ce soit la région de Liège ou celle du Languedoc, qu’il s’agisse de la législation minière sous l’Ancien Régime ou de l’organisation de l’industrie dans les vieilles provinces françaises, M. Eugène Schneider décrit, dans sa seconde partie, le travail même de la mine dans la période contemporaine et consacre des pages aussi documentées qu’émouvantes, par la sympathie qu’il lui témoigne, à l’ouvrier mineur.
La troisième partie pourrait être rédigée par un savant, car elle contient d’excellents chapitres sur la constitution de la houille, les théories modernes de sa formation ; celles-ci s’élargissent même en des aperçus extrêmement suggestifs sur le cycle du carbone dans la nature.
Enfin, le grand industriel qu’était M. Eugène Schneider ne pouvait pas rester indifférent aux développements et aux tendances nouvelles des industries chimiques, dérivés, depuis quelques années seulement, de la houille. Rien de ce qui touche à ce grand problème contemporain n’a été laissé dans l’ombre. Mais, en humaniste qui a le goût des idées générales, M. Eugène Schneider ne se borne pas à. des analyses ou à des exposés historiques précis, il ne craint pas, à la fin de son livre, d’ouvrir de vastes aperçus sur les théories philosophiques les plus récentes et les plus hardies, à propos de ce combustible qui, dit-il, « aura soutenu l’effort et conditionné l’activité des hommes d’aujourd’hui, en leur permettant de franchir la difficile étape qui les sépare de l’utilisation que les générations de l’avenir feront sans doute de nouvelles et gigantesques formes de l’énergie ».