Légitime défense
Il y a, pour l’essentiel, deux manières d’aborder les problèmes de défense. On peut en étudier les diverses données techniques, politiques, économiques, psychologiques, pour essayer de préciser le degré de logique et de rationalité de telle ou telle option. On peut se placer sur un autre plan, celui du discours. C’est ce qu’a fait le général Jean Callet, dont le livre aurait sans doute pu avoir un autre titre : « Propos sur la défense ». À dire vrai, il s’agit des principales allocutions que le général Callet eut l’occasion de prononcer lorsqu’il dirigeait l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).
Il était utile que ces textes fussent rassemblés, car « aux yeux du public, la notion de défense, insensiblement, s’est identifiée au culte du souvenir, avec ses manifestations qui, les années aidant, ne rassemblent plus qu’une faible minorité de rescapés ou de survivants »… « La défense, considérée comme une habitude désuète, apparaît inutile et sans rapport avec les problèmes quotidiens, dont elle multiplie les contraintes ». Légitimité de la défense en fonction des menaces, logique de la complémentarité nucléaire-classique, structure, rôle des cadres, etc., tels sont quelques-uns des nombreux points que le général Callet eut l’occasion d’aborder, et qui constituent les thèmes majeurs de ce volume. Il atteindrait son but s’il suscitait une sérieuse prise de conscience d’une exigence à laquelle on ne songe pas suffisamment : « La défense, par son caractère global, suppose l’adhésion et entraîne la participation de chacun. Dans la stratégie nucléaire, malgré les apparences, la dissuasion repose, avant tout, sur la volonté des citoyens. Rien ne serait plus grave, pour l’équilibre de l’Europe et du monde, que la France de notre époque ne s’abandonne à une certaine indifférence en matière de défense ».
Le « prix Vauban », décerné par l’Association des anciens auditeurs de l’IHEDN, a été attribué cette année à l’ouvrage du général Callet. ♦