L’été grec. Une Grèce quotidienne de 4 000 ans
En refermant ce livre, un mot vient à l’esprit : prodigieux. Prodigieux non seulement à cause du récit passionnant, mais aussi à cause de l’homme qui se révèle à travers lui.
Ce livre respire l’amour de l’histoire grecque, de la vie grecque, de l’homme grec. Peut-être Jacques Lacarrière ne cherchait-il même pas à communiquer son amour de la « grécité » au lecteur, mais seulement à l’épancher. C’est progressivement, de 1947 à 1966, qu’il a découvert la Grèce, mais son récit se situe en dehors du temps : pèlerinage au Mont Athos, séjour en Crète et à Mycènes, voyages à travers l’Arcadie, visite à Delphes, aux Îles Patmos, Serifos, Pasara, Chios et découverte de la Salonique. Ainsi Jacques Lacarrière décrit la vie des moines, et des ermites, les légendes Crétoises, évoque les origines du théâtre grec, raconte la Révolution grecque de 1821, rappelle l’histoire d’Antigone, attire notre attention sur une danse pratiquée dans les villes d’Asie mineure, la Rébétika, ou souligne les aspects originaux de la littérature grecque actuelle. Il sait peindre toute la misère et toute la beauté de la Grèce moderne, non en la décrivant du dehors comme un voyageur de passage, mais en la vivant profondément.
La lecture de ce livre ferait sentir aux écoliers que la Grèce antique n’est pas seulement histoire et passé, mais aussi présent, parce que la « Grèce n’a qu’une seule histoire ». C’est qu’en effet, il réussit en permanence à mêler l’évocation du passé et les images du présent, du quotidien. L’ouvrage révèle une profonde connaissance de l’histoire et de la culture grecques et de cette sensibilité visuelle, si rare de nos jours, qui fait que, croyant lire un livre, l’on voix se dérouler un film, succession d’images merveilleuses, écrasées de soleil, inoubliables.
Et l’on songe à l’auteur, voyageur passionné qui se défend ajuste titre d’être un érudit, car sa connaissance du monde grec n’est pas livresque, mais, si l’on ose dire, physique et spirituelle. ♦