Histoire des États-Unis
La collection historique qui vient de publier le premier des deux volumes que Robert Lacour-Gayet consacre aux États-Unis a depuis longtemps acquis ses lettres de noblesse dans un secteur qui n’est pas toujours exploité par les éditeurs avec tout le sérieux et la compétence qu’il mérite cependant – celui de la vulgarisation. La maison Arthème Fayard, pour ce qui la concerne, a compris où était l’essentiel, en s’imposant de rechercher la collaboration des historiens les plus éminents du moment. Nous ne pensons pas nous tromper en nous remémorant le lancement de sa collection aux environs de 1924 avec « L’histoire de France » de Jacques Bainville, devenue depuis un véritable classique du genre, constamment réédité.
Les États-Unis, bien évidemment, figuraient eux aussi, depuis le tout début, au catalogue de la collection, avec un ouvrage, très remarquable par beaucoup de côtés, de Firmin Roz. Mais l’accélération de l’histoire et celle de la recherche historique – dans ce pays surtout – se sont révélées telles qu’une nouvelle approche du sujet est devenue indispensable. L’occasion de la célébration du bicentenaire était à saisir et la disponibilité de Robert Lacour-Gayet, qui venait d’achever sa trilogie historique Canada-Afrique du Sud-Australie, également. Les conditions étaient ainsi réunies pour la parution d’un bon livre, au bon moment.
Pour des sujets d’une telle ampleur, à présenter sous un volume réduit, d’une façon plaisante et assimilable par tous (n’est-ce pas la loi de toute vulgarisation ?), il est indispensable que l’historien soit aussi un très bon écrivain, et il est également souhaitable qu’il ne soit pas uniquement homme de cabinet. Notre auteur, inspecteur des finances, ayant occupé activement de hauts postes à l’étranger et particulièrement aux États-Unis où il a, par surcroît, enseigné l’histoire à l’Université de New-York, correspond très exactement à ce profil idéal.
Et c’est ainsi que s’explique, sans doute, la principale réussite de l’ouvrage : un équilibre judicieux entre le récit des événements proprement dits et l’évocation des idées qui leur sont sous-jacentes. L’intérêt se trouve dès lors constamment renouvelé. La vaste information de l’auteur en matière économique, et l’intérêt qu’il a toujours manifesté pour l’évolution sociale, font le reste.
Certes, ce survol rapide d’une civilisation complexe, que la plupart d’entre nous connaissent au fond fort mal, malgré ce que nous en croyons, ne satisfera pas tout le monde. Une excellente bibliographie en fin de volume guidera alors le choix de ceux qui voudraient approfondir le sujet en recourant à des ouvrages – américains, anglais et français – plus spécialisés. ♦