Angola. L’indépendance empoisonnée
L’accession à l’indépendance de l’Angola est encore trop récente pour que l’on puisse honnêtement en faire l’histoire. Ce que l’auteur nous présente ici n’en est pas non plus une simple description, mais plutôt une sorte de chronique de la réalité quotidienne à la veille de la proclamation de l’indépendance et depuis l’avènement de « l’ordre nouveau ».
Après avoir brièvement rappelé les étapes de la colonisation portugaise depuis 1483 et les révoltes qui ont commencé à se multiplier à partir de février 1961, Georges Lecoff retrace sommairement la succession des événements qui ont conduit à la lutte entre les trois mouvements d’indépendance MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola), FNLA (Front national de libération de l’Angola) et UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) et à l’intervention des États-Unis, de l’URSS, de Cuba et de l’Afrique du Sud.
L’auteur brosse un tableau de la vie quotidienne au moment du transfert des pouvoirs (inflation, pénurie sur les marchés, violence, désordres) et décrit le comportement de ceux qui décident de rester, l’état d’esprit des réfugiés, leurs motivations confuses ainsi que ses propres mésaventures de journaliste relégué dans un hôtel de grand luxe qui n’en a plus que les apparences et est devenu le « paradis des alcooliques ».
Il souligne le chaos dans lequel inéluctablement le nouvel État est entraîné, non seulement du fait du changement du système politique, mais aussi de la rivalité des mouvements d’indépendance et de l’intervention des forces cubaines.
Que le lecteur ne s’attende pas à trouver une explication de la nature des rapports entre le Portugal et sa colonie, ni des causes de leur détérioration ou une étude des négociations ayant précédé l’indépendance. Georges Lecoff n’analyse pas non plus les composantes profondes des mouvements d’indépendance ni les raisons des interventions cubaines, américaines et soviétiques et leurs prolongements internationaux. Il expose simplement les faits et leurs conséquences visibles.
C’est pour cette raison que ce petit livre pourrait servir utilement d’illustration à des études politiques ultérieures. Leurs auteurs pourront y puiser quelques indications utiles sur la réalité telle qu’elle a été vécue par un témoin oculaire dont le témoignage pourrait éviter des interprétations éloignées des faits. ♦