Histoire de la France
Dans un style proche du journalisme et avec un vocabulaire vivant, Pierre Miquel retrace les grandes lignes de l’histoire de France depuis les Gaulois jusqu’à mai 1968.
L’entreprise est malaisée car les ouvrages analogues sont assez nombreux. Celui-ci pourtant se distingue des œuvres de Bainville, Michelet, Gaxotte, Lavisse ou Duby parce qu’il s’adresse à un public plus large et parce qu’il renouvelle quelque peu les visions traditionnelles de l’histoire de France.
Dénonçant le caractère partiel de « l’histoire nationale », Pierre Miquel a cherché à écrire une histoire qui tienne compte des provinces, de la Province et de ses prolongements européens. Il souligne la pérennité de l’antagonisme Paris-Province qui se répercute dans le débat politique et administratif entre parisiens centralisateurs et provinciaux fédéralistes et qui se retrouve même dans l’affrontement des partis aujourd’hui. Cet antagonisme n’est cependant pas l’unique idée directrice de l’histoire de France vue par Pierre Miquel : on distingue un autre thème majeur qui retient ajuste titre l’attention de l’auteur. Il s’agit de la difficile naissance de l’État français, naissance qui paraît d’autant plus difficile qu’elle contraste avec la puissance déjà ancienne de l’Église.
L’Église-l’État, tels sont longtemps les deux grands axes de cette histoire de France, du moins tant que l’Église joue un rôle politique officiel, tant qu’elle résiste à l’irréligion et jusqu’à ce qu’elle soit vaincue par la laïcité.
À côté de ces thèmes, Pierre Miquel n’ignore pas non plus les forces sociales ni les vicissitudes de l’armée dont la Révolution française a fait une force politique. Les questions économiques sont prises en considération sans exagération de sorte que l’on s’aperçoit que l’on ne se trouve pas en face d’une histoire de France inspirée du marxisme.
Sans être ignorées, les questions diplomatiques et idéologiques passent parfois au second plan et l’on regrettera peut-être que les faits décrits ne soient davantage expliqués, analysés ou que leurs origines ne soient pas mieux éclairées. On conçoit cependant que l’abondance des événements à évoquer et la clarté de l’exposé exigeaient un choix pour permettre à cet ouvrage de rester abordable. L’on attribue à ce choix, tout en la regrettant, l’absence de cartes et d’index, qui eût pourtant facilité la consultation de ce livre. Celui-ci peut en effet être cité au nombre des ouvrages de référence dans ce domaine, d’autant plus qu’il comporte une chronologie et une excellente bibliographie. ♦