Giscard d’Estaing et nous
Agent de change, vice-président du Conseil économique et social, conseiller de Paris, Xavier de la Fournière est aussi l’un des fondateurs des clubs « Perspectives et Réalités », dont il fut naguère président national. Connaissant depuis longtemps Valéry Giscard d’Estaing, nul n’était mieux placé que lui pour rassembler une telle quantité d’informations, de citations et de souvenirs relatifs à l’actuel président de la République.
Certes, ce livre est avant tout l’œuvre d’un militant, d’un « supporter » politique aussi bien que d’un ami personnel, et il n’est pas question pour l’auteur de laisser place à quelque chose de moins que l’enthousiasme et la ferveur. L’admiration intellectuelle que M. Giscard d’Estaing inspire à Xavier de la Fournière a de ce fait le mérite d’être assortie d’un jugement humain fait d’une sympathie et d’une compréhension que l’on trouve moins souvent sous la plume des commentateurs politiques. On notera ainsi avec intérêt les allusions à la sensibilité « dissimulée derrière on ne sait quelle réserve » et, selon Michel Poniatowski, « redressée par l’École Polytechnique », ou tout simplement au patriotisme sans détours du chef de l’État : « La France est dans le monde ce qu’il y a de mieux ». Pourtant, les circonstances de certains choix graves qui se sont imposés à Valéry Giscard d’Estaing au cours de sa carrière, comme le « oui, mais… », les réactions à la politique israélo-arabe du général de Gaulle ou au discours du Canada, l’attitude à adopter envers le président de la République et le Premier ministre en mai 1968 et le référendum de 1969 sont exposées en détail et avec franchise.
Au niveau des idées politiques, la préface de Raymond Tournoux est une bonne et claire synthèse des informations provenant de sources personnelles au préfacier et des très nombreux extraits de discours, de déclarations publiques ou de propos privés réunis dans le livre. Elle insiste particulièrement sur les deux grandes idées-forces de la doctrine présidentielle : le réformisme à l’intérieur et le mondialisme à l’extérieur.
Cet ouvrage sera en définitive utile non seulement aux militants républicains indépendants, qui y trouveront un fort bon bréviaire de la pensée giscardienne, mais aussi à tout observateur politique passionné par la personnalité d’un homme qui, adolescent dans les années de la guerre, rêvait à la fois, nous dit Xavier de la Fournière, de défiler sous l’Arc de Triomphe avec l’armée française victorieuse et de devenir Président des États-Unis d’Europe.
Est-il nécessaire de rappeler que le premier de ces vœux a déjà été exaucé ? ♦