La civilisation indienne et nous
Il s’agit d’une deuxième édition d’un ouvrage paru en 1964, mis à jour par des notes de bas de page et complété par deux études en annexe (l’une sur un dieu populaire tamoul et l’autre sur la communauté de village). Consacré à la société indienne traditionnelle d’hier et d’aujourd’hui, ce petit livre atteint pleinement le vœu exprimé par l’auteur de rendre le sujet parfaitement accessible aux non-spécialistes.
Le sociologue réputé affirme non sans raison que la découverte du passé de l’Inde, dans une large mesure due à l’Occident, fait apparaître des périodes de centralisation et d’atomisation. L’auteur démystifie le caractère idyllique des communautés de village tel qu’il apparaît dans les descriptions faites par maints fonctionnaires britanniques au XIXe siècle, et même par Karl Marx qui voyait dans ces cellules économiques quasi autonomes une sorte de communisme primitif.
Louis Dumont aborde aussi les problèmes religieux. Bien que l’Inde ait séparé très tôt le pouvoir séculier du pouvoir religieux, la religion n’en a pas moins dominé la société indienne, et imprègne toujours le système des castes qui repose sur la notion de hiérarchie. L’auteur accorde une grande importance au renoncement, source de philosophies nouvelles comme le Bouddhisme et le Jaïnisme. Pays du syncrétisme religieux, l’Inde, cependant, n’a pu réaliser la synthèse de l’Islam et de l’Hindouisme. Cette opposition traditionnelle entre Hindous et Musulmans qui remonte au temps des Moghols devait se traduire par la partition du sous-continent en 1947.
Une bibliographie abondante, dans laquelle une mention particulière doit être faite de l’ouvrage du même auteur sur les castes : Homo hierarchicus (Éd. Gallimard, 1966) permet au lecteur qui le désire d’approfondir son étude de la société indienne. ♦