Propositions pour sortir de la crise
Rédigé sous la direction de Michel Rocard par un groupe d’experts économiques du PSU (Parti socialiste unifié), ce petit ouvrage a peu de chances d’atteindre le grand public du fait de son caractère fragmentaire et très technique. En six chapitres, consacrés respectivement à l’énergie, à la planification, au budget, au crédit, à la fiscalité et au téléphone, les spécialistes de l’équipe Rocard nous présentent leur analyse des causes de la crise actuelle et leurs propositions pour y remédier. Les mesures qu’ils envisagent sont à prendre dans le cadre du système économique existant, mais sont imaginées de façon à constituer des étapes, permettant de déboucher ultérieurement vers un socialisme autogestionnaire, dont le contenu d’ensemble n’est pas, pour le moment, autrement précisé. L’ouvrage « n’a [donc] pas pour ambition de présenter sur tous les problèmes actuels une alternative globale ».
Ainsi conçu, il gagne évidemment en précisions ponctuelles. Mais il limite en même temps son audience. Le lecteur non technicien, mais de bonne foi, même s’il est séduit au premier abord par telle ou telle mesure proposée, sait bien qu’on ne manque pas « ailleurs » d’arguments aussi convaincants pour arriver à des conclusions diamétralement opposées susceptibles de remettre en cause son adhésion première. Et forcément, il se sent très vite découragé. Cependant il n’aura pas perdu son temps. Car, toute technique mise à part, certaines analyses purement politiques des auteurs, en ce qui concerne par exemple « la nature et la portée de l’acte budgétaire » tel qu’il est actuellement pratiqué, ou les fonctions attribuées à la fiscalité, sont certainement à retenir dans tout débat objectif sur le fonctionnement et les finalités du régime « giscardien ». Notons d’ailleurs que quelques-unes de ces analyses, faites entre mai et septembre 1974, ont été depuis reprises à son compte par ce régime. Ce qui, après tout, est plutôt encourageant pour tout le monde. ♦