La bataille de l’Atlantique. Tome II : La victoire des chasseurs (1942-1945)
Au cours de l’année 1942, ce sont 7 800 000 tonnes de navires marchands alliés qui sont perdus sur les divers théâtres d’opérations. Sur ce total, 6 300 000 t sont le fait des seuls sous-marins allemands dont 87 étaient coulés pendant la même période.
À la fin de cette même année 1942, l’amiral Dœnitz dispose de près de 400 sous-marins rodés à ces attaques en meutes qui se révélaient singulièrement meurtrières.
Le rapprochement de ces chiffres était particulièrement alarmant alors que se posait avec acuité le problème du ravitaillement en vivres, en matières premières et en armes de l’Angleterre et de la Russie.
Et cependant, le reflux va apparaître et s’accentuer. À partir de juillet 1943, les constructions de navires marchands alliés excèdent les pertes, et dans le même temps la partie devient de plus en plus ardue pour les sous-marins allemands qui, d’attaquants victorieux, deviennent de plus en plus des « loups » traqués.
En dépit de la difficulté de la tâche, l’histoire de ce renversement est remarquablement contée par Léonce Peillard dans le 2nd tome de sa Bataille de l’Atlantique, justement sous-titrée La victoire des chasseurs, en même temps qu’en sont analysées les causes avec une parfaite clairvoyance. Nous participons encore à l’odyssée de ces convois pour lesquels bien souvent aux risques de torpillage s’ajoutaient les dangers des dures tempêtes de l’Atlantique. Mais, sur le premier point du moins, nous voyons peu à peu se modifier les conditions de la lutte. Tout d’abord grâce à un entraînement très poussé des escorteurs qui atteint un niveau remarquable. Même heureuse évolution en ce qui concerne le matériel car les progrès techniques réalisés dans le domaine de la détection par radars et sonars mirent entre les mains des Anglais de puissants atouts. Mais c’est sans doute l’utilisation de l’aviation – avions à très long rayon d’action et appareils embarqués sur les porte-avions d’escorte – qui constitua l’élément dominant des succès alliés à un moment où, uniquement préoccupé du front de l’Est, Gœring refusait à l’amiral Dœnitz les appareils qui eussent protégé les sous-marins pendant les transits en surface et les eussent dirigés vers les convois.
On terminera cette brève analyse par deux chiffres, à comparer à ceux du début. En 1945, 439 000 t de navires marchands coulés pour 152 sous-marins détruits. La bataille de l’Atlantique était bien gagnée. ♦